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Écrits de Marc Hodges
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30 mai 2015

Aux approches de Hyelzas 14 h 54

Une haute herbe jaunie souligne la lisière lointaine des forêts. Il doit se mettre en garde contre lui-même. Si le monde était éternellement indifférent à notre présence, insensible à nos actes, ailleurs …. Posés ça et là comme des pièces d'échiquier, des pins minuscules creusent l'espace. Il y a là quelque chose de précaire, d'incertain. Sa gorge est douloureuse de cette langue qui ne sait se dire. Quelques rares chardons sont le seul ornement de cette campagne aride. Parfois le vent fait tout d'un coup entendre comme un son grave de basson. Il y a toujours quelqu'un qui manque auprès de lui. Il pense qu'il va mourir, ne laissera ici nulle trace. Le silence devient de plus en plus profond. Quelque chose vacille en lui, qui touche aux racines mêmes de sa vie. Le paysage est figé dans l'attente. Il veut se tenir debout. Il pense qu'il va mourir, ne laissera ici nulle trace. La vraie liberté ne se mesure pas au nombre de choix possibles. Il a le cœur déchiré. Le jour baisse. Une grand-mère est soudain là qui le dévore depuis toujours de ses yeux si aimants. Il cherche ici la terre et sa lumière bleue dont on lui a tant parlé. Il s'allonge, dos sur la terre rêche, s'abîme dans une longue contemplation du ciel, comme s'il voulait se fondre dans la terre. Il a conscience que ses yeux cherchent à voir derrière les objets. La journée à la fois est douce et amère. Il a des dispositions pour le mensonge. Le passé et le présent luttent en lui comme anges et démons. Il pense qu'autour de ces plateaux pauvres et desséchés, les vallées offrent généreusement la multiplicité de leurs verts. Tendu vers l'horizon, un alignement d'arbres isolés creuse l'espace. Pourra-t-il jamais acquérir la sérénité …. Il est à la fois sur la terre et dans le ciel, dans le soleil. Il aspire à l'éternité mais préfère encore son temps. Il marche dans une vague confusion mentale, présent et passé s'emmêlant au gré des choses rencontrées. Un ensemble de rochers calcaires dessine comme un paysage de ruines romantiques. Il pense que l'intensité de la présence n'est fondée que sur le mystère de l'absence. Il va à pied. Dans une petite combe, la terre, éventrée par la charrue, saigne d'une grasse terre rouge rouillé. Dans sa méditation, hier, demain s'annulent. Les flancs rouillés du causse s'offrent à ses yeux. Toutes les odeurs d'herbes se mêlent. L'odeur de la terre entre en lui jusqu'au profond du corps, jusqu'à cette ombre où dorment les grandes terreurs de l'homme. Le temps est immobile. A quoi bon refuser d'être. Il marche dans la mort, cherche désespérément des traces de vie vrai. Les hommes d'ici ont des qualités rares. Il se tient dans le silence devant cet arrangement qui est fait depuis toujours. Il pressent des compagnons, des inconnus qui rôdent autour de lui. Il se sent la bouche sèche et la gorge serrée jusqu'à la douleur. Le meuglement lointain d'un avion déchire l'épaisseur du silence. Rien ne se cache dans le regard des arbres. L'exaltation que provoque en lui la profondeur orgueilleuse de sa solitude est contaminée par la certitude de l'ennui qu'il éprouve à vivre. Il nourrit son langage du risque de ne rien dire. Sa destinée lui laisse du temps. Son grand-père est là, béret de travers sur le côté droit de son visage, mégot éteint aux lèvres, qui lui indique la voie à suivre. Il y a toujours quelqu'un qui manque auprès de lui. Sa perception du réel a l'accent du sentiment, son sentiment a la clairvoyance de la perception du réel. Le temps est immobile. L'infini tient ici entre les bras ouverts d'un homme. Le masse compacte de la chaude lumière solaire pèse lourdement sur ses épaules. Il connaît assez bien ses possibles. Il aspire à tout ce qui peut arriver. Le vent s'arrête dans les branches.

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