Extrait d'un sermon Hildebald, prieur de Saint-Symphorien

"Le malheur des hommes vient de ce qu’ils divisent ce qui est essentiellement indivisible. On ne peut attendre aucun succès de ses entreprises lorsqu’on sort de l’ordre, et qu’on franchit par impatience les bornes que la sagesse prescrit. Cette multiplicité de principes n’est-elle point contraire à l’infinie simplicité de l’essence divine. Dans l’impossibilité où il est de jouir tout à la fois de toute la plénitude de son être, il imite l’état immuable de Dieu, mais seulement en ce qu’en quelque sorte il ne cesse jamais d’exister, et reste présent, autant que peut le permettre la rapidité avec laquelle le moment présent s’enfuit — C’est donc ce bien suprême qui conduit avec force, et règle tout avec douceur — quoique l'ordre divin ne nous soit pas connu, nous ne devons pas en être moins persuadé que ce monde est bien gouverné, puisqu’il l’est par un maître souverainement bon. Tandis que la nature en est saisie d’horreur, la volonté de l’homme reçoit la mort avec tranquillité... L’oeil, quoique éloigné, n’a besoin que d’un regard pour saisir tout d’un coup la figure de l’objet; mais la main est obligée de s’en approcher, de s’y attacher et de le suivre dans tout son contour, avant que de pouvoir en connaître la rondeur; l’homme lui-même le connaît d’une manière différente, par les sens, par l’imagination, par la raison et par l’intelligence. Le monde est gouverné par deux puissances, celle sacrée du pape et celle du souverain. Mais la charge du pape est plus lourde parce qu'au jour du jugement dernier il devra rendre compte de la conduite du monarque... Un empereur juste doit défendre son état avec justice contre ses ennemis. Un roi juste doit choisir comme conseillers des hommes d'expérience. Un empereur juste doit choisir comme conseillers des hommes sobres... C'est un incident effrayant si dans un royaume aussi bien réglé que celui du roi, ce qu’il y a de plus vil est en honneur, tandis que ce qu’il y a de plus précieux est dans l’humiliation et dans le mépris. Quelque vaste que soit un empire, ses sujets ne sont encore qu’une bien petite partie de l’univers ; un monarque juste punit le crime et ne le laisse pas impuni ; quelque vaste que soit un empire, ses sujets ne sont encore qu’une bien petite partie de l’univers. Un monarque juste ne doit pas laisser ses enfants agir de manière infidèle... Un souverain juste doit respecter les préceptes de Dieu et l'honorer — un empereur juste ne doit pas tolérer de païens dans son empire... Un souverain juste doit bannir l'adultère... Un empereur juste ne doit pas écouter les devins ; le roi doit savoir réprimer qui n'obéit pas mais être aussi capable de pardon. Un souverain juste n'épargne pas à cause d'une affection charnelle ou parce qu'ils ont des liens de parenté ceux qui accomplissent des actes pervers contre dieu ou l'état. Un roi juste doit défendre son empire avec courage contre ses ennemis. Combien les annales du monde nous font-elles voir d'empereurs injustes tombés du faîte des grandeurs dans un abîme de misères".