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Écrits de Marc Hodges
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10 mai 2010

Sidney prend une décision

Sidney est impressionné. Il ne saurait trop dire pourquoi, mais il trouve dans ce texte une puissance de pensée, une force métaphorique qui le subjuguent. L’idée qu’il y a peut-être mieux à faire qu’à subir sa vie s’esquisse dans sa tête. La tentation de participer à une aventure intellectuelle capable de dépasser les petites mesquineries d’une vie minable toute vouée au seul quotidien lui apparaît comme une solution possible. Au moins pour un moment… Et puis il n’a rien à perdre, ça ne peut que le changer de sa merde…

Il sait qu’il ira à la rencontre à laquelle l’a convié Boèce de Dacie. Il en éprouve même une certaine impatience car, découverte irremplaçable, il vient de se donner un but.

— XXXIV —


Paris, jeudi 24/12/2015, 00:50:49


Au fond, pourquoi attendre? Sidney n’a pas un sens des convenances très développé; il n’a jamais rien eu à foutre de toutes ces comédies… À toujours agi comme un animal sauvage n’obéissant qu’à l’immédiateté de l’instinct. Quand il veut quelque chose, c’est tout de suite. Il lui semble qu’il l’a toujours voulu; y a que ça qui compte. L’urgence du désir comble l’absence d’anticipations qui fait le vide de son existence.

Il est plus de minuit. Pourtant, Sidney s’habille rapidement, quitte sa chambre. La neige de la veille a fondu ne laissant que peu de traces dans la ville, mais le ciel est toujours bouché, le froid vif, les rues presque vidées par le froid. Seules rôdent, éparses, informes dans l’épaisseur de leurs vêtements, les silhouettes d’individus paumés comme lui qui ne savent où aller, traînent misérables autour des quelques bars miteux encore ouverts, sans autre but que d’aider le temps à passer. Sur les cinq cents mètres qui séparent sa chambre de l’Hôtel Saint-Aignan, mis à part deux ou trois gamins qui semblent shootés, il ne rencontre personne. Heureusement d’ailleurs car il sort des limites de son quartier, prend un certain risque. Aucune menace n’a jamais arrêté Sidney mais il connaît les lois non écrites des désintégrés, n’ignore pas que, d’une certaine façon, sa seule présence est une provocation pour les bandes du Marais. Aussi, tout en essayant d’adopter une allure naturelle, sa marche est rapide. Le froid glacial lui donnant un prétexte, il dissimule en partie son visage sous son gros cache-nez de laine.

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