Contraception
Peut-être est-ce parce qu’ils étaient
pris sous le charme des bois, impressionnés par leur sérénité, qu’X… et Zabre n’échangèrent
pas un seul mot durant les dix minutes de leur trajet. Peut-être aussi est-ce
parce qu’ils réfléchissaient à ce qu’ils allaient faire, peut-être aussi que
Zabre pensait à Armelle et X… au centre d’émanation des fluides uraniens ou à
bien d’autres choses encore tout aussi vraisemblables.
Enfin, ils atteignirent l’antre de
Yvré.
Celui-ci était déjà en consultation :
il recevait la bonne amie de Wilfrid inquiète d’une absence de règles. Il lui
avait d’abord conseillé de nouer une cordelette à l’église, pendant la messe,
puis avait réfléchi que ce ne pouvait être le bon remède puisque le coït était
déjà réalisé et avéré. Il avait alors suggéré d’attendre l’enfant — s’il devait
y en avoir un — et de le noyer à la naissance dans le trou du diable sans le
faire baptiser — car cette reconnaissance ecclésiale pourrait attirer des
ennuis administratifs à la mère. Devant le peu d’enthousiasme de la jeune
bonne, il avait fallu proposer autre chose. Il s’était alors souvenu d’une
recette qu’il avait souvent entendu conseiller par sa mère durant les longues
veillées d’hiver de son enfance. Il s’agissait de subtiliser une hostie
consacrée, de la faire macérer dans du vinaigre, puis, avec la pâte obtenue
après ébullition du liquide, de faire un badigeon intra-utérin à l’aide d’une
aiguille à tricoter noire numéro six-cent-soixante-six, mais… pour cela, encore
fallait-il trouver une aide complaisante. Il lui avait conseillé l’actuelle
amie du sacristain Petit, la tripière, qui semblait être fort bien placée et
qui, de plus, était une de ses clientes les plus assidues