Histoire de la baronne de Lacroix-Turpin (01)
Histoire de la baronne de Lacroix-Turpin
Gris. Un château bas et
ramassé au bout d’une colline nue dominant un lac, le lac de La Force, de ses cinq tours d’angle
chaperonnées d’ardoise noire. Il est posé là, solide et râblé, rassemblant le
pays sous la bannière d’hermine flottant au sommet large du donjon trapu, court
sur pattes, un animal ramassé sur lui-même muscles tendus, prêt au bond. Sa
présence s’impose dans la puissance pesante de la symétrie : un corps de
logis triangulaire fermant une cour étroite et profonde, couronné de mâchicoulis,
écrasé sous la masse centrale du donjon cylindrique n’ouvrant sur la soumission
du pays que par la rigueur de ses meurtrières étroites et, sur une seule de ses
trois faces, par une porte basse en ogive, fermée d’une double herse de fer.
Architecture
rigoureuse, pas un seul ornement inutile, tout est destiné au combat, la
puissance, l’énergie, la vigueur, le courage et la violence de l’orgueil,
affirmation sans ambiguïté de l’autorité du pouvoir. Les tours insolentes sont
visibles de tous les points du pays, impossible de les oublier un instant, se
croire à l’abri du regard scrutateur de l’homme de guet posté au sommet du
donjon. Tout acte est vu, jugé ; la moindre infraction aux lois
seigneuriales, punie sévèrement.
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