Frustration

Je ne sais comment cela finit.

Le lendemain, je trouvai sur ma table de chevet une vingtaine de photos de ma nuit.

Des gros plans surtout où mon anatomie était assez bien mise en valeur même si, sur certaines d'entre elles, elle était cachée par une tête dont je ne voyais jamais la face. La volonté de mystère qui avait exigé de moi que je sois aveuglé durant toute ma partie de plaisir était ainsi préservée. Je ne pouvais savoir qui avait été mon partenaire. Je dois reconnaître que cette situation accroissait mon excitation et que je partis travailler dans un état d'attente extrême.

Je devais accompagner une personnalité quelconque dans une visite touristique de la ville: je me montrai particulièrement distrait, je n'attendais que la fin de cette corvée pour pouvoir retourner chez moi. Ce que je fis dès que je pus: j'étais dans un état d'excitation extrême…

Ce soir-là, personne ne m'attendait. Je pensai que Khalifa avait voulu me préparer une autre service aussi je décidai de ne pas sortir. J'attendis… j'attendis jusqu'à une heure du matin, rien ne se passa. Je n'avais plus qu'à aller me coucher avec ma frustration. Je me levai avec la gueule de bois et toute la journée je ne pensais qu'à la soirée à venir espérant que Khalifa m'aurait réservé une autre surprise.

Mais ce soir-là encore il n'en fut rien et, regardant avec regret les photos prises par Khalifa les soirées précédentes, après avoir "fait menotte" comme dit si joliment Apollinaire dans ses Lettres à Lou, je passai une triste nuit à dormir sans rêves.