De Saint-Loup à Edwarda

Pourquoi voulez-vous, Edwarda, que je vous oublie - j'ai aimé bien des fois, Edwarda et que de choses depuis que je vous ai écrit pour la dernière fois… aucune lettre d'amour ne donne de leçons, elle gémit simplement, je vous aperçois dans toutes les rues, tout cela est bien embarrassant, je meurs de l'amour de dire le vrai, je pense tout le temps à vous; votre présence à Saint-Aignan-le-Jaillard me comblerait, je voudrais vous aimer encore plus que je ne vous aime - jugez ce que je sens pour vous, il faut me pardonner. Mes lettres sont-elles autre chose que des fumées, que dire de plus pour vous convaincre, un homme-lune passe sur sa moto. J'ai tant de choses à vous dire - les trobaïritz sont à la parade… je me veux libre, je voudrais réinventer la terre ou le feu sans jamais être paralysé par leur beauté. Par le temps qui court ; tout est bien embarrassant; je n'ai rien à dire que vous ne sachiez déjà, et j'ai si peu à dire alors que j'éprouve un amour extraordinaire. Le silence m'est une grande force; je porte quelque chose de vous enchâssé dans le cœur mais j'ai une jouissance secrète à penser que vous aimez moins que moi. Oubliez Éléonore, vous seul comptez à mes yeux; je vous apprécie au-delà de tout quand il m'arrive de remarquer ce que je sens, ce que j'exige de moi, ce que je pense… vous ne m'entendez pas… je ne suis pas sûr de savoir en quoi ma vie sans vous pourrait être intéressante.

Rien d’autre, cependant n'oubliez pas, Edwarda, Saint Loup qui se rêve votre. Je vous demande seulement la liberté de vous aimer car je n'ai plus assez de mon âme.