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Écrits de Marc Hodges
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14 septembre 2014

ne comptez pas sur moi pour exhiber mon cul

« Il dit cela, répandit ses mots par le monde et, sanglotant, passa. » dit Machrab dans un de ses mostazod : je me sens comme ce poète du dix-septième siècle errant entre sa vallée de Namangand et le désert de Hotan aux confins de la Chine, « Allant de par le monde je n’y ai trouvé que mal et ressentiment : je l’ai parcouru entre cent malheurs et colères » : je ne sais plus que faire ni penser !… Tout ce que vous m’écrivez, loin de me faciliter la tâche, m’embrouille. Entre récriminations, éloges et questionnements, je ne sais plus où donner du clavier… Certains d’entre vous m’accablent — m’insultent presque…— : je vous aurais pris en otages, je serais un énarque intello qui « prendrait son pied dans une masturbation intellectuelle sans lendemains » ou « confondrait le vingtième siècle avec le dix neuvième » !… Je n’écris pas comme vous le voudriez : pour certains d’entre vous manque du rythme « techno », du slam, du rap, « ça ne balance pas » ; pour d’autres mon style est trop compassé, « cul serré » ose même une d’entre vous d’après laquelle je serais « mal baisé », aurais peur de ma vérité sexuelle et devrais faire mon « coming out » — ne comptez pas sur moi pour exhiber mon cul , mon pénis et mes couilles ou installer une webcam qui vous permettrait de prodiguer mes intimités… D’autres, au contraire, ne tarissent pas d’éloges, louent ma constance, mon équanimité, ma recherche d’équilibre et de mesure comme si ce que j’écrivais les rassurait un peu… Mais vous ne me parlez pas que de style ! Vous déplorez aussi l’absence de péripéties, le peu de vraisemblance de ce que je rapporte, la pauvreté de mon invention ou, au contraire, louez mon refus du sensationnel et des dictats de « l’esprit du temps »… Je ne sais pas !… Je ne sais plus !… « Machrab, tu te poses sur le monde comme le vent de l’aube : allons, je vais venir un instant, errer puis, aussitôt, disparaître » dit ce même poète : mon rôle est transitoire, je ne me suis engagé qu’à vous rapporter l’histoire de Stanislas or, malgré moi, par la seule puissance des mots, je me trouve engagé dans une aventure qui me dépasse. Croyez-moi, je n’ai voulu rien de tout cela et tous les témoignages qui me parviennent à son sujet — depuis celui qui aurait été l’amant de Zita jusqu’à celle qui a connu la mère de Stanislas en passant par l’ami du frère…—, loin de m’aider, me confrontent à la fragilité totale de la mémoire humaine. Plus je vais, plus je doute ; plus je doute, plus je souffre : « Amis, n’accusez pas Machrab d’insignifiance… Qu’y puis-je, j’ai parcouru toutes les rues de la souffrance ». Je finis par croire que jamais je n’ai connu Stanislas et que ce dont il est question ici n’est rien d’autre que complaisances imaginatives.

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