débat public
Yann de Guillet de la Force-Latour se
lève posément, monte à la tribune et, les deux mains levées vers le ciel fait
signe à la foule de se calmer. Elle lui obéit aussitôt. Il dit : — Mes
chers frères, ces jeunes gens, quelque peu idéalistes, nous ont réuni dans un
but qu’ils estiment charitable, il désapprouvent les traitements que nous
infligeons aux chiens et aux enfants désobéissants. Bien qu’encore un peu
jeunes, ils ont le droit de le dire et c’est avec bienveillance que la maturité
et la sage vieillesse doit savoir tenir compte de l’impulsivité de la jeunesse.
Il est, somme toute, intéressant de constater que des jeunes gens puissent
contester l’héritage moral et spirituel de leurs aïeux. Dans son immense
indulgence, le Christ n’a-t-il pas déclaré «laissez venir à moi les
petits enfants…» et ailleurs « heureux les innocents car les portes
du ciel leur sont ouvertes». Dieu aime la jeunesse car elle est le blé en
herbe. Je vous en prie, ne vous laissez pas emporter par une colère que je comprends
mais que Dieu n’approuverait pas. Écoutez ce que ces jeunes esprits veulent
nous dire. Nous les jugerons ensuite… Montrons nous dignes de Notre Père qui
nous regarde et nous juge. Puis, se tournant vers Robert, il ajoute : —
Vous vouliez parler, je crois. Parlez mon enfant, nous vous écoutons…
L’assistance est redevenue
parfaitement silencieuse. Serge et Robert aperçoivent Wilfrid debout près de la
sortie. Robert prend la parole : — Mesdames, Messieurs…
La fille publique pouffe de rire car
c’est la première fois qu’on l’appelle «Mesdames». Un regard
gentiment réprobateur du prêtre la fait taire. Robert poursuit…