Préparatifs

A l’entrée d’Yvré, le haut fonctionnaire, interrompt sa tâche, fixe le gêneur d’un air hautain et regarde l’heure.

Alors le garde-champêtre demande : — Est-ce prêt ? — Il me faudrait une bûche, répond Yvré.

Le garde-champêtre sonne un employé, ordonne qu’on allât quérir une bûche. Puis : — Que voulez-vous en faire, demande-t-il ? — La poser au centre de la place, rétorque (ou dit ou répond ou affirme, souligne, avance, etc. enfin bref, parle) Yvré.

Ils sortent.
Trois employés apportent un lourd billot de bois et le placent au point précis indiqué par le mage. — Ça ira, demande le garde-champêtre ? — C’est parfait, … Yvré.

De toutes parts, les habitants de la commune arrivent sur la place et, suivant les indications des employés de la police municipale, se rassemblent à une des extrémités.

Comme une guêpe bourdonne dangereusement autour de son sexe, Yvré s’adresse au garde-champêtre : — Cette tenue officielle est peu pratique. En cette saison, passe encore, mais en hiver… Ne serait-il pas possible d’obtenir un autre costume officiel ? — Non, dit l’homme de loi, les costumes officiels sont codifiés depuis le haut moyen-âge et, si vous voulez en changer, il faut changer de profession. Ici, nous sommes respectueux des traditions, quelles qu’elles soient car sans cela… — Et un slip, le coupe Yvré sentant qu’il risquait de subir un discours fleuve, est-ce que je pourrais mettre un slip ? — Ce n’est possible que sous le costume officiel, sinon il n’en est pas question, aussi dans votre cas… répond le représentant de l’autorité un peu vexé d’avoir été interrompu dans son discours. — Mais… commence Yvré. — N’insistez pas ou je vous dresse contravention et saisi le corps du délit, s’écrie furieux le responsable de l’ordre public. — Bien, se résigne Yvré. Et il pose sa hache, en équilibre sur le manche, tranchants vers le ciel, au centre du billot. Le garde-champêtre a un mouvement de recul : — Ne craigniez rien, dit Yvré, mon fluide magnétique suffit à la maintenir en équilibre puis, ajoute-t-il en baissant la voix, je veux m’adresser à la foule. — Rien de plus facile, dit le garde-champêtre.

Il fait un signe au crieur public : roulement de tambour, silence de la foule.