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Écrits de Marc Hodges
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9 février 2009

La chadenède, 6 heures 34

Bréauté converse avec ses êtres intérieurs et avec ceux qu'il aime, les absents, les morts. La nature se grave dans l'air. La plaine ne se termine qu'au ciel. Il juge de la mort par les beautés de la vie. Dans ce total isolement, il éprouve un sentiment étrange de sécurité. Le décor se met en place. Il ne rencontre que trop de ruines, se dit que ces lieux sont insensibles au temps, aux passages des hommes, ignorent tout de leurs folies. Le temps a ici son poids d'éternité. Des cailloux beiges aux éclats ocre jalonnent le chemin. Si le monde était éternellement indifférent à notre présence, insensible à nos actes, ailleurs?… Les collines sont comme dévorées par la lèpre verte-orangées des buissons de buis. Les lointains sont veloutés. Il s'avance, vit, observe, s'attarde, sourit. Lui viennent à l'esprit des expressions stupides et rabâchées : "mer herbeuse, vallonnements tranquilles, houle des collines…".

Rien ne s'émeut autour du bruit de ses pas. Il se protège contre la remise en cause de toutes ses certitudes. Tout ce qui est inquiétant dans l'avenir est plus familier et plus rassurant que le présent. Le passé et le présent luttent en lui comme anges et démons. Les pins s'épaississent le long de la route. Le passé pollue le présent et ici le tire en arrière… Pourra-t-il jamais acquérir la sérénité?… Sa tête est pleine de souvenirs qui se lèvent sous ses pas comme les odeurs d'herbe poussiéreuse dans le vent. Il pense que la rage est un privilège. Le ciel est une immense cloche de verre protégeant le spectacle. Il recommence à marcher. Il est lien, relation, rien d'autre. Les lointains sont veloutés. Il réfléchit qu'il ne pourrait quitter tout cela et en même temps s'y ennuie. Son cœur hésite entre rouge feu et mauvais fixe.

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