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Écrits de Marc Hodges
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4 décembre 2008

La Chadenède, 13 heures 14

Une ombre passe sur le soleil, une vibration se concentre dans toutes les parties de l'air, se ramifie, se rassemble sur toute sa surface; la terre a ici une pudeur extrême. Les heures indifférentes s'empilent les unes sur les autres. Plissements terre brûlée… Bréauté pense qu'il se fuit, se promet de ne pas être dupe de toute cette beauté, de la force apaisante des lignes, s'oblige à penser à la mort que cela représente mais, malgré lui, une tranquille plénitude le gagne. Tout est solitaire. Il pense avoir trouvé ici une part de l'harmonie qu'il recherche. Toujours ses pensées vont à sa rencontre. L'air reste toujours libre. Il voudrait n'être qu'un rayon du jour, attend la venue de quelque chose d'indistinct car, ici, rien n'existe que par le silence. Bréauté se protège contre la remise en cause de ses certitudes, réfléchit qu'il n'existe pas de droit particulier au bonheur, ni davantage au malheur. Sur les champs, la lumière prend librement sa forme, dans la plus grande liberté du monde, elle fait voir ce qu'elle est. Sa parole est lourde, épaisse comme l'argile humide.

Bréauté rêve que ces lieux sont insensibles au temps, aux passages des hommes, ignorent tout de leurs folies. L'air ne porte aucune trace de passage, sur tout ce monde pèse une menace imprécise. De nombreuses images d'adolescents, d'hommes, de femmes lui viennent puis disparaissent. L'espace paraît soudain sensible, clair et liquide, comme une chose que l'on pourrait absorber, boire. Sans buts précis, Il marche, foule la glaise en longues enjambées autoritaires: il n'arrivera rien mais la vie que l'on ne soumet pas à l'examen ne vaut pas la peine d'être vécue. Bréauté ne veut pas se laisser gagner par un lyrisme trop facile. Un besoin de paix l'envahit. Il ne laisse rien de lui au-dehors.

Dans les lointains tremblés de soleil du plateau, le sol est d'une grande pâleur, tous les tons exténués s'étalent ici à perte de vue. Tout est encore possible: entièrement façonné par l'homme, le plateau révèle sa nature dure et fière. Le passé pollue le présent et  le tire en arrière…

Pauvreté invincible, le chien noir et blanc sale tire anxieusement la langue.

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