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Écrits de Marc Hodges
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9 août 2008

A l'approche de Saint-Pierre-des-Tripers

Bréauté marche, réfléchit, s'éloigne de toute présence humaine, se demande si sa vie a un sens ailleurs que dans la peur de l'instant. L'exaltation que provoque en lui la profondeur orgueilleuse de sa solitude est contaminée par la certitude de l'ennui qu'il éprouve à vivre car quand il considère sa vie, il est épouvanté de la trouver informe. Tous ceux qu'il a aimé autrefois continuent à hanter ses rêves, à fortifier ce dont il se souvient mais il lui faut tenir bon.

Devant lui la roche s'arrête brusquement, tombe à pic; des sapins contorsionnés s'accrochent au bord… Il y a tant à faire. Il n'arrive rien. Les pierres ne connaissent de traces que celles qui vont vers son passé. Il est nu devant sa vue, cueille un brin d'herbe jaunie et le porte à sa bouche pour en ruminer le goût douceâtre. Sa pensée est lourde, épaisse comme l'argile humide. Les vautours sont toujours trop loins pour son regard. Il contemple lentement la fleur légèrement mauve et dérisoire d'un chardon perdu au bord du chemin. Il ne connaît pas de règles. Il n'a rien d'autre à faire qu'à jouir du spectacle. Pourtant, il a confiance, se sent bien.

Il voudrait pouvoir décrire toutes les formes de ce monde. L'ombre du passé, l'ombre de l'avenir, agissent sur le présent, le soleil paraît sans mouvement. Il échafaude des projets, dresse des plans, rêve. Sa vie est lourde, épaisse comme de l'argile humide, son temps est immobile. L'avenir lui est une condition du présent autant que le passé. Il s'installe au cœur des choses. Colline après colline transforme la beauté en distance rendant impossible de savoir quel miracle pourrait se produire. Les lointains sont veloutés. Il nourrit son langage du risque de ne rien dire. Le mystère sans parole de la nature et l'ombre silencieuse du passé sont entrés en lui. Il attend quelque chose, ne sait quoi, mais attend… Un petit oiseau vole devant lui, pas plus gros qu'une tâche d'ombre sous l'une quelconque des fleurs du paysage. Il réfléchit que l'acuité sensible des jours est une bénédiction.

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