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Écrits de Marc Hodges
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10 août 2008

Retour sur le récit de Claude Norpois

Bon, c’est vrai que l’écriture de Claude Norpois n’est pas époustouflante, il ne sait pas vraiment décrire, il ne se pose pas les problèmes de la description, elle est là parce qu’à un moment donné il lui faut donner quelque cadre à ce qu’il raconte… C’est pas suffisant… Il est vrai que ce n’est qu’un simple feuilleton dans un canard local et que ça lui permet simplement de mettre un peu de gras dans sa soupe au choux, mais quand même. En tous cas ça ne me suffit pas… Chais pas mais si j’avais à raconter la nuit de Noël où le cruel Capitaine Mathieu Merle avait attaqué la ville, il me semble que je m’y prendrais autrement.

Supposons que je puisse remonter le temps, de ma fenêtre j’occupe une position idéale, je dis ce que je vois, ça suffit. D’abord le paysage entièrement blanc, les deux versants de la montagne coulant vers la ville aux trente cinq tours de garde, comme si elle s’élevait sur du vide, flottait dans la surface monotone, idéale de la neige qu’aucun pas n’a encore pollué. Même l’unique chemin qui traverse la ville de part en part le long du trait noir de la rivière reste invisible. La ville est un ovni poussé nulle part et qui semble centre de toutes choses car elle capte la totalité du regard tant la neige efface les versants de la montagne. Au centre la cathédrale, deux flèches pures, verticales, d’un beige gommé par la lumière lunaire, aux reliefs soulignés par la neige qui s’est déposée sur toute surface horizontale. Tout ça illuminé par la lune (en fait on n’en sait rien mais ça fait quand même mieux, Norpois a raison sur ce point). La neige est bleutée par la clarté lunaire, la neige atténue à la fois et donne du relief aux choses. La ville est calme, on pourrait même croire qu’elle est endormie au chaud sous sa couverture de neige, ça et là, des nombreuses cheminées montent des panaches de fumée légère, bleutée aussi, un paysage rare, exceptionnel même, un paysage de rêve, le symbole même de la paix, du bonheur, de l’équilibre, de l’harmonie (le conte de fées n’est pas loin).

Les épaisses forêts obscures du plateau Nord, où la neige ne pénètre pas tant la densité des pins est grande, semblent lointaines. Personne ne peut soupçonner les forces noires qui se sont mises en mouvement et pourtant… Les hommes de Merle, une bande de soudards vêtus de haillons accumulés pour résister au froid, sales, hirsutes, puant, a progressé lourdement tout au long du jour, ils sont maintenant à l’orée attendant que l’ordre de sortir de la forêt leur soit donné. Ils piaffent d’impatience, la buée de leurs souffles semble celle de sangliers furieux prêts à charger qui les dérange.

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