Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Écrits de Marc Hodges
Écrits de Marc Hodges
Visiteurs
Depuis la création 98 775
Archives
5 septembre 2006

Du côté de Hures, 18 heures

Bréauté a l'amour dans l'âme, il est d'aujourd'hui et de jadis, fait un grand effort pour penser avec de l'ordre, tâche de mettre avant les choses d'avant et après les choses d'après. A quoi bon se souvenir et désirer ? Il aspire à l'éternité mais préfère encore son temps.

En son cœur se mêlent le bonheur et la peine. Il ramasse une petite pierre polie qu'il ferme dans sa main comme un talisman contre la peur… L'horizon à la fois est proche et lointain, au-delà, des lointains bleuâtres, l'air lumineux. Des rochers isolés découpent leurs hautes silhouettes dans la luminosité de l'air. Changefèges, Le Gerbail, La Chaumette, Les Ribes, La Viale, Hures, Champerboux… Cela fait trop de preuves pour douter. Autant de sources d'où jaillit le flot des images de son passé. Il se sent la bouche sèche et la gorge serrée jusqu'à la douleur. Ici, le passé ne délimite pas la durée. L'inconnu autour de lui le regarde d'un œil pensif. Poursuite du bonheur… Il est sans aucun éclaircissement dans une intimité presque angoissante. La mélodie du jour est taciturne. Ce qui deviendra et doit devenir est la cause de ce qui est. Ici tout est proche. Il a l'habitude de ces soubresauts. Il a trop longtemps appartenu à la solitude et ainsi désappris le silence. Il aime ceux qui ne veulent pas se conserver, noue en lui les éléments du temps, voudrait que la vie circule en lui avec une plénitude insoutenable, qu'elle y dessine des mouvements anonymes.

Apeurées, prêtes à fuir, les brebis lèvent un instant la tête à son passage. Il endosse un à un les vêtements de l'air pur. Il a le cœur déchiré. C'est un paysage dont il ne croit pas se lasser un jour. Il devine tous ceux qui ont nourri son enfance de paysage, de ciel et de terre. Le temps coule, goutte à goutte, mesure après mesure, il fait peur. Bréauté s'arrête encore. Un vieux chien noir-blanc le suit comme une ombre, seul son halètement rythme le temps. Un petit cri, un battement d'ailes, un remuement dans l'herbe suffisent pour qu'il lève les yeux et reste l'oreille tendue. Bréauté longe un chemin doublé de buis.

Il désire des jours de brouillard sur les jeunes souches.

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Publicité