S'en débarrasser

Midi. Ciel: gros bleus. Mer parfaite. Soleil au couteau. Dans sa suite du Grand Hôtel, deux hommes discutent avec Nathalie: Michel, 60-70, sec comme lame de sabre; un inconnu, chemise rouge, béret rouge, rond, accent colombien: «…ça compliquerait moins l'organisation du réseau.» «Chaque médiatisation des risques ou des alertes suscite la vocation de quelque rigolo.» dit Nathalie, «Assez joué… faut rester prudents. Même si les risques sont circonscrits pour les circoncis.» «En tous cas, dit Michel, je crois que nous ne pouvons plus rien attendre de lui: Poirier est nul.» «D'où la difficulté quand il est lâché à l'extérieur… On essaie d'être au top, on est compétitifs, on a tenu le coup. Nous n’avons plus besoin de lui, l’objectif est atteint, partiellement, mais atteint. Débarrassons-nous en.» «Pas de refus, dit Nathalie, il est amoureux de moi, croit que je veux coucher avec lui. C’est lourd! Je me sens honteuse, minable. Franchement, ça ne tourne pas rond, je suis désormais en état de légitime défense sociale.» «C’est plus normal d'avoir un amant que de s'équiper d'un vibromasseur.» ricane l’homme à la chemise rouge.

L'intégration est un concept chaotique, Nathalie fait comme si elle n’avait pas entendu: «Quand?» «Quand vous voulez, dit Michel.» «Tout de suite?» «Il y a toujours un moment où l'on finit par toucher le fond des eaux: aujourd’hui, demain, le temps de réorganiser les choses, je ne sais pas si je pourrais me passer des annonces...»