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Écrits de Marc Hodges
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20 mars 2006

De l'autobiographe

De l’autobiographie — quelque chose comme l’exercice que j’essaie, avec plus ou moins de bonheur, à mener ici — à l’autoportrait, il y a plus d’un lien. Ceux d’entre mes lecteurs qui ont parcouru divers des récits qui structurent la Disparition du Général Proust n’ont pas pu ne pas remarquer que je me livre en effet assez régulièrement à cet exercice qui consiste à capter une image de soi-même. Rien de facile là-dedans. Sur le plan technique, cela impose en effet de nombreuses contraintes si l’on ne veut pas que l’appareil photo, au travers duquel on tente de capter un instantané de son image, ne soit pas visible dans le miroir qui alors nous sert de regard, si l’on ne veut pas non plus que le visage soit déformé par des angles trop acrobatiques, si l’on veut trouver le bon angle qui permet à l’appareil de capter ce que notre œil distingue dans une surface réfléchissante… Cependant, ce n’est pas cet aspect là qui pose le plus de contraintes: se regarder, comme regarder sa vie; se regarder pour autrui, comme regarder sa vie pour autrui implique une distance. De même que je ne peux parler du petit garçon que j’étais sur la photographie dont je parlais il y a quelques jours, sans essayer de me mettre à la place du lecteur et me demander ce qui, en cette photographie, est susceptible de l’intéresser, lui… de même je ne peux me photographier — sinon par pure complaisance, par satisfaction esthétique devant la beauté de mon image : Narcisse… mais je ne crois pas être dans ce cas — sinon pour livrer à autrui, même pas mon image, mais une réflexion (le jeu de mot entre réfléchir et se réfléchir s’impose) sur cette image et, plus encore, sur ce que signifie livrer son image — c’est-à-dire alors n’importe quelle image de soi — aux autres.

Lorsque, dans cette optique, je regarde mes autoportraits, je ne peux que noter combien se montrer consiste à jouer à cache-cache avec soi-même. Mes autoportraits ne livrent que des fragments, des ombres, des visages cachés par des transparences multiples, des réflexions déformantes, des fractionnements en multiples facettes. Tous les procédés qui m’attirent sont ceux qui permettent de me cacher au mieux pour, de l’individu particulier, atteindre à quelque chose comme une mise en scène du temps, de la mobilité, de l’insaisissable de l’être.

Comme dans l’autobiographie qui, au fond des choses, ne dit rien d’autre que l’impossibilité à dire les spécificités concrètes d’une vie.

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