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Écrits de Marc Hodges
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25 octobre 2005

16 heures 15 : la Bégude blanche

Tout se mêle dans la confusion, Bréauté est repris par ses rêves: il est seul. Quel lien entre toutes ces paroles?… Quand il considère sa vie, il est épouvanté de la trouver informe.

Il pense que le temps va s'étirer encore. Personne ne vient, c'est un lieu d'adieux, il faut tout mettre au passé… L'exaltation que provoque en lui la profondeur orgueilleuse de sa solitude est contaminée par la certitude de l'ennui qu'il éprouve à vivre. Il considère la pensée comme la zone neutre de l'âme, pense toujours plusieurs choses à la fois. Il sait que c'est bon de marcher ainsi, infiniment… Il ferme les yeux, les rouvre, les referme, cherche dans la solitude le chemin qui mène à lui-même. Peu de choses!…

Vert-gris et vert-jaune… Le paysage est secrété par le ciel ; à ras de terre, une vie multiforme et discrète affirme la tranquille continuité de la nature: deux bourdons s'affairent sur des fleurs de trèfle. Seule note moderne, un paysan, au loin, s'affaire sur son tracteur. L'heure tourne. Dans sa méditation, hier, demain s'annulent. Isolés, séparés de la protection des bois, les arbres ont tous quelque chose de fragile, torturé. Bréauté voudrait réinventer à partir d'elle-même la terre, l'air et le feu sans jamais être paralysé par leur beauté. Il hait la ville qu'il ne peut se résoudre à quitter, il n'est pas le seul à subir…

Dans sa très jeune enfance, il avait à peine connu sa mère qui était rarement à la maison, aussi l'avait-on confié à sa grand-mère maternelle: il a coutume de se laisser emporter par ses rêves… Il pense aux vies grevées de grandeur, les désespoirs si longtemps tus dont se fait cette nature égoïste: au plus rude de sa mémoire, collines, nuages, rires, merveilles, bonheur, bonheurs et souffles…

Le mystère sans parole de la nature et l'ombre silencieuse du passé sont entrés en lui, des murs bas bordent le chemin à droite et à gauche: il va sans savoir où il va mais plus sûr de ses pas que si une volonté lucide le menait.

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