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Écrits de Marc Hodges
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26 octobre 2005

Le silence

Coup sur coup, sans aucune autre explication, il m'envoya les trois lettres suivantes:

Fontainebleau, le 7 mars 1990

de la forêt.

De la solitude des poètes.
De la poésie de la solitude.

Le silence d'un homme connu pour savoir parler impose plus que le bavardage d'un homme qui ne parle pas trop mal. Vous devriez me laisser sans voix que je n'aie, au risque de vous décevoir, à expliquer ce qui jusque là vous intrigue. Mais les contradictions des hommes font leur nature et quand j'ai passé une heure sans écrire, je répète le mot de Titus: "j'ai perdu un jour". Bien que n'ayant rien d'important à dire, je ne saurais me taire. Ma cave est pleine de manuscrits inachevés: je ne peux longuement résister à une oreille qui se prête. Écrire, comme vous le savez, n'est que l'un de ces masques qui cachent mal la douleur de la solitude.

 

Dans la foule, tout tend à me faire descendre, dans la solitude, tout à me faire monter. Plus indulgent à mes défauts qu'à ceux d'autrui, pour n'être pas misanthrope, je me suis fait solitaire. Mais il y a dépossession du monde dans un scepticisme aussi hautain. Il y a le vide. Un vide nécessaire au repos de l'être, mais la dépossession. Il y a surtout la dépossession. La poésie rejoint l'essence des évidences que l'on ne saurait posséder. Se promener sans convictions et seul parmi l'incertitude de la vérité n'est pas d'un homme, ni même d'un saint. La poésie permet l'oubli de cela. Elle pense des buts. Dans son élaboration matérielle, précisément calculée, d'un univers personnel, elle feint de donner quelque sens à l'humain.

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