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Écrits de Marc Hodges
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3 février 2013

un collègue encombrant

Quand elle revient au commissariat ce matin-là, Évelyne Puget n’a plus qu’un jour pour trouver son bel adolescent… or il pleut à verse: ce n’est pas un bon présage d’autant qu’Albertine Mollet, la commissaire, qui vient elle aussi d’arriver, l’accueille d’un —Où en êtes vous dans votre farfouillage? Peu réjouissant. Évelyne n’a pu qu’esquiver: —Ça avance, je suis sur une piste. —Dépêchez-vous de régler ça, il y a quand même des choses plus importantes… Bloch va venir avec vous… Bloch, c’était pas un cadeau: un jeune con aux dents longues, tout juste sorti de l’école de police, qui se voyait déjà patron de la PJ et considérait tous ses collègues comme des imbéciles. —On y va, dit Bloch, où en êtes-vous? Elle lui a sorti son portrait robot, lui a résumé les recherches accomplies la veille. —Autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Faire la sortie des écoles me semble une démarche non rationnelle. Tu as regardé dans le fichier? Elle n’a pas regardé dans le fichier. Et pour cause: cela revenait à accuser officiellement l’adolescent du cambriolage qu’elle a commis elle-même; d’autre part elle ne peut avouer qu’en fait elle le recherche pour complicité dans trois affaires classées par sa hiérarchie: assassinat d’un SDF, profanation d’une tombe et incendie volontaire d’une maison de recherche. Elle est dans de mauvais draps. Bloch n’est vraiment pas un cadeau… Bloch consulte le fichier. Rien. Pas étonnant, l’adolescent n’a sûrement jamais commis de cambriolage… —Bizarre, dit Bloch sentencieux, je ne vois pas pourquoi ce gamin se met tout à coup à venir cambrioler dans l’appartement de cette femme. Où ils font ça en bande pour faire les cons, ou ils sont déjà repérés pour diverses choses. Je ne comprends pas… Ça colle pas… Elle affirme qu’elle a des témoignages. —Ça t’ennuie si je les revois? Ça l’ennuie. Beaucoup même… Crispation, voix coléreuse, ergots, elle fait semblant de se vexer: —Tu me prends pour quoi? C’est pas le premier travail que je fais, tu m’emmerdes… Bloch se veut diplomate: pas question de se mettre ses collègues à dos: —Ok, scuse… Si on analyse la situation, tu cherches un gamin que personne ne connaît. Donc il vient d’ailleurs. D’où? That’s the question car le ailleurs est vaste. Une solution possible, il fait partie d’une bande qui utilise des mineurs, un étranger. Est-ce qu’il y a eu d’autres cambriolages ces jours-ci? Consultation des fichiers: rien depuis huit jours sur le territoire du commissariat. —Ça marche pas… Y a quelque chose qui cloche. C’est un cambriolage bidon, rien de sérieux n’a été volé. Juste un peu de désordre… C’est pas un truc de pro… Qui et pourquoi a pu cambrioler ta voisine? Ça ressemble plus à un acte de vandalisme qu’à autre chose. Une vengeance? Mais ta bonne femme ne le connaît pas…Bloch commence à l’énerver, elle se sent de plus en plus piégée… —Tu penses ce que tu veux, mais moi je vais continuer mon enquête… —Où? —J’ai pensé aux salles de jeux électroniques… —Ni plus intelligent ni moins con qu’autre chose, dit Bloch sur un ton blasé, faire ça ou peigner la girafe… —Tu fais chier! On y va? —Allons-y…

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