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Écrits de Marc Hodges
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19 juillet 2013

amants

La rencontre Balpe-Évelyne s’est terminée comme prévu: il s’est montré charmant, prévenant même, Évelyne n’avait pas l’habitude d’être traitée de cette façon, et comme une chambre était disponible, qu’elle avait un peu bu, elle a oublié qu’elle était une représentante de la loi et n’a pas trop résisté. Pour tout dire, elle a même trouvé agréable de faire l’amour avec lui car, contrairement à son mari-plombier, il n’y a pas, dans le jeu sexuel, de comportement égoïste. Balpe, qui fait preuve de beaucoup plus d’imagination qu’elle n’aurait pu le soupçonner, prend autant de plaisir à donner du plaisir qu’à en recevoir. Ce n’est pas un bel homme, il est plus âgé qu’elle, mais elle ne se considère pas non plus comme un modèle d’esthétique et, après tout, dans l’action, ce qui compte c’était l’action elle-même et la jouissance qu’elle procure. Le reste étant anecdotique il ne lui a pas été difficile d’oublier l’esthétique. Et puis, que voulez-vous, une aventure est une aventure, Évelyne n’a pas si souvent l’occasion d’en rencontrer de telles… Bref tous deux sont enchantés de leur moitié de nuit car, pour que Franck ne soupçonne rien, il a bien fallu, malgré l’insistance pressante de son tout nouveau amant, qu’elle rentre avant l’aube. Elle a promis de le rappeler dans la journée tout en se disant qu’elle n’en fera rien. Balpe doit rester une passade.

Pourtant, de son portable, lors de la pause de midi, Évelyne rappelle Balpe. Les banalités galantes qu’il lui débite ne lui sont pas désagréables. L’habitude remplit tellement nos vies qu’il ne nous reste plus au bout d’un temps qui fuit trop vite aucun instant de libre pour autre chose, elle découvrait le plaisir profond de l’aventure amoureuse dû autant au fait qu’enfin quelqu’un semblait la considérer comme autre chose qu’une mère destinée à bien élever ses enfants, qu’un agent de la fonction publique théoriquement au service de la nation ou, pire encore, qu’une petite boulotte qui n’avait jamais pris soin de son corps. Balpe lui faisait découvrir le plaisir gratuit, le plaisir auquel on peut se livrer sans penser au lendemain, la joie de l’échange de sous-entendus promettant des moments de plaisirs d’une autre sorte, la jouissance à se dire que l’on pouvait trouver un plaisir intense dans le seul usage de son corps, et ceci sans aucune ambiguïté sentimentale: ils ont bien baisé et, l’un comme l’autre, ne demandent qu’à recommencer. —Mes doigts se promènent lentement sur ton ventre, s’attardent autour du nombril où je viens poser ma bouche, j’ai l’index baladeur, ta peau frémit… Leur conversation dura ainsi quelques temps puis Jean-Pierre lui fit un cadeau: —J’ai vu Théo ce matin, j’ai même parlé un moment avec lui, ça t’intéresse toujours? —Oui, oui, bien sûr! —Alors voilà: demain à dix heures il va aller à Achères-la-forêt. Il y a là un haras, le haras des mares où son père a mis en pension trois chevaux. Comme toutes les semaines, il va aller faire de l’équitation. D’habitude sa mère le dépose puis vient le rechercher vers midi. Ça te laisse du temps… —Génial, dit Évelyne, tu es génial, je te revaudrai ça… d’une autre façon. Le rire de Balpe s’achève sur l’arrêt de la communication.

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