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Écrits de Marc Hodges
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14 juillet 2013

au restaurant

Évelyne est allé chez Balpe comme elle se l’était promis. Elle a osé l’appeler au téléphone, lui dire qu’elle aimerait le rencontrer discrètement… Il a été un peu surpris, n’a pu s’empêcher de se demander si elle ne le draguait pas, a décidé que ça valait le coup de voir, a choisi un lieu discret —inutile que sa bonne se rende compte de quelque chose— il l’a invitée à manger avec lui à l’Écluse rouge, restaurant discret au bord du Loing avec quelques chambres —on ne sait jamais… A sa grande surprise, elle a accepté. Elle s’est dit qu’elle mentirait à Franck — ce ne serait pas la première fois— lui ferait croire qu’elle était de service de nuit…

Ils sont au restaurant: éclairée de bougies, la terrasse au bord du Loing, protégée par des cerceaux de verdure soulignés par des éclairages discrets noyés dans le feuillage, la nuit n’est pas trop fraîche, il y a peu de monde, le léger gargouillis de l’eau fait un fond sonore qui isole chaque table dans ses propres conversations. Évelyne n’est pas habituée à tant de luxe: nappe blanche, chandeliers, argenterie, serviette damassée, service de verre, assiettes de porcelaine… elle n’a jamais connu ça, même si Balpe a précisé qu’il l’invitait, elle ne peut s’empêcher de se demander combien peut coûter un repas pareil, de s’inquiéter de savoir jusqu’à quel point elle devra se montrer reconnaissante… Se dit aussi que, pour lui, un tel repas relève de l’ordinaire et que, peut-être, elle lui a rendu service en acceptant simplement de manger avec elle. Il a commandé une bouteille de Pouligny-Montrachet, lui demande si elle veut boire «Avec plaisir», dit-elle, bien qu’ignorant tout de ce vin et se promettant de se surveiller pour ne pas se laisser entraîner dans des territoires qu’elle ne contrôlerait plus: —Peut-être pourriez-vous maintenant, me dire pourquoi vous vouliez me voir? Dit Balpe accompagnant la douceur de son regard d’un immense sourire… Nous sommes assez loin de chez nous pour ne pas être reconnus et je pense que personne ne peut nous entendre ici. Évelyne hésite à entrer dans le vif du sujet, il lui semble soudain que sa démarche a quelque chose d’absurde, presque d’immature, elle se rend compte qu’elle dépend maintenant de lui. Elle feint de déguster le vin qui lui a été servi par le sommelier. Balpe attend, patient, mais quand elle repose son verre: —Alors, où en sommes-nous? Elle se lance: —C’est au sujet de Théo… —Décidément ce garçon vous occupe beaucoup… faut-il que j’en sois jaloux? Ce n’est pourtant encore qu’un gamin… Évelyne décide d’ignorer cette remarque: —Vous avez dit que vous pourriez m’aider… —J’ai dit ça? —Oui, je crois… — alors en quoi puis-je vous aider? —Il faut absolument que je lui parle… Balpe sourit, persuadé que les jeunes femmes modernes font mille folies (idée fausse où il y a pourtant quelques vérités) et il eut un petit rire qui lui était spécial: —Je ne peux pas vous dire vraiment pourquoi, murmure Évelyne renforçant les soupçons de son interlocuteur, mais il faut absolument que je lui parle, c’est très important… Le garçon apporte les soupes d’escargot à la provençale qu’il a commandés, elle s’interrompt, puis reprend: —Je sais qu’il vous cause des ennuis. Il m’en cause aussi. Si vous m’aidez, je vous promets qu’il ne vous embêtera plus… —il ne m’embête pas, comme vous dites. Tout au plus, lui et ses frères, sont l’origine de quelques désagréments de voisinage. Il s’interrompt un moment, semble plonger dans des réflexions intérieures… Mais je veux bien vous aider… Que faut-il faire?

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