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Écrits de Marc Hodges
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23 décembre 2012

Rien n'est sans dire

De retour à Paris pour mon anniversaire… Je n’y avais pas pensé sinon j’aurais changé mes dates: par peur des rituels, je demande qu’on ne me le souhaite pas, mais, comme d’habitude, femme et enfants ne me prennent pas au sérieux, ce sera donc cadeaux obligatoires, gâteau, champagne et bougies… il faudra avoir l’air heureux puisqu’il en est décidé ainsi…

Merci, lecteurs, de ne pas cesser de m’écrire même si, ballotté dans les contradictions entre l’écriture romanesque et la correspondance, je ne peux répondre autrement que par ces courriers collectifs où chacun d’entre vous se sent sans doute un peu frustré.

«Date: Mon, 14 May 2001 18:07:02 +0200
From: "Dubuissand (ADLE)" <jmdubuissand@etat.ge.ch>
To: Jean-Pierre Balpe <jbalpe@away.fr>
Subject: Roman "par mails"

Étant donné le classement des titres de roman, je voudrais maintenant orienter mon inscription vers celui qui est en tête du classement, soit: "rien n'est sans dire".»

Ce qui n’avait pas encore été dit mérite toujours de l’être et je demeure admiratif devant cette imprégnation des valeurs démocratiques, cet esprit d’abnégation consistant à admettre que les opinions des autres, même des inconnus, sont au moins aussi importantes que la sienne propre, que la majorité a toujours raison et qu’il est bon d’en faire partie… Mais que vous en soyez ou non, en ce qui concerne les conséquences pratiques de l’écriture de ce récit n’a aucune importance: vous recevez tous — continuerez jusqu’à sa fin à recevoir… — «Rien n’est sans dire». Si ce lecteur inconnu pense qu’il en reçoit un autre, il se trompe: ce titre, comme vous vous en êtes sûrement aperçus, définit, depuis maintenant trente cinq jours l’essentiel de l’écriture de ce récit. Tout, ici, en effet, porte sur les relations trompeuses du monde et de son dire… je devrais plutôt écrire des dires et de leurs mondes. Mais ce lecteur, jouant à ce jeu de cache-cache de la correspondance, se moque-t-il peut-être aussi de moi, s’amusant à me prendre à mon propre piège. Peut-être aurais-je dû laisser, en fin, chacun de vous décider de son propre titre. Mais un roman dont le titre n’est pas dit a-t-il une réalité quelconque? «Quel est le titre de ce livre» choisit ainsi le logicien Raymond Smuljan, pourtant celui-ci, pour une raison évidente, ne pouvait me convenir; à la rigueur: «Quel est mon titre?»… Peu vous importe… Lorsque j’étais enfant, comme nombre d’entre vous, je sautais les descriptions qui retardaient l’action: vous détestez certainement toutes mes digressions… Ce qui vous importe c’est d’avancer, de me suivre sur ce chemin tortueux de la narration où j’essaie de vous entraîner. Ainsi vous préfèreriez certainement que je vous en dise davantage sur René Robertelli… Est-ce bien utile? Chacun de vous peut, s’il le désire, en retrouver les traces dans les nombreux articles de presse publiés dans le mois qui suivit son suicide en mars 1984, si je me souviens bien… Il avait 24 ans. Vous y trouverez toutes les variétés d’opinion du panégyrique à l’insulte à peine dissimulée et, si les détails sordides vous amusent, il ne vous sera pas difficile d’en faire moisson…

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