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Écrits de Marc Hodges
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11 avril 2012

portrait de Zita

Retour à Paris une fois encore… J’use ma vie à essayer de la gagner dans ces permanents allers-retours sans point d’attraction fixe. Paris est un pis aller, une coaction, le centre d’un réseau de communications qui me facilite les déplacements, sans plus. La vie de Stanislas, elle au moins, était rythmée par l’Ouzbékistan, bien davantage encore que par l’Écosse. Quoi qu’il fasse, en France il semblait en transit… Quant à moi, je fais partie de ces enfants détachés depuis deux générations seulement, trop loin de leurs origines terriennes pour se sentir d’un terroir et de culture citadine trop proche pour ne pas être encore possédé par la prétentieuse fierté d’appartenance qui est celle du parisien de vieille souche.

Il me faut quand même vous parler des amours de Stanislas, ou plutôt, essayer de vous rapporter ce qu’il m’en a dit. Mais je ne peux vous garantir l’authenticité absolue de ses paroles — Stanislas avait une façon toute écossaise de devenir lyrique — mais je vais essayer d’en préserver l’esprit :

"Imagine une beauté brune flexible comme un roseau dans le vent, aux immenses yeux presque noirs qui semblent vouloir engloutir le monde et, lorsqu’ils vous regardent, vous font brûler ou, sous les flèches de leurs longs cils, percent votre cœur à jour; un visage d’un ovale admirable a la peau transparente tant elle est lisse et rosée — présent comme une lune de printemps au-dessus des minarets de Boukhara —, des dents parfaites, blanches comme de la nacre, petites et rangées comme les perles fines d’un collier. Une démarche de reine ou plutôt, comme on dirait chez moi, souple comme celle d’une jeune chamelle marchant à la crête des dunes. Une chevelure noire comme le jais le plus fin, tombant en longues ondulations souples jusqu’à une taille d’une gracilité irréprochable ou encadrant son visage de somptueuses tresses vénitiennes. Un corps sublime, à la fois mince et athlétique aux jambes fines, nerveuses, aux fesses légèrement galbées, aux reins délicatement cambrés, au ventre plat… Et sa poitrine… Comment parler de la merveille d’équilibre et d’harmonie de sa poitrine: deux petites dunes jumelles dressant leurs pointes sur l’immensité ocre du désert ; deux fruits d’amour rosés, parfumés d’ambre et de cannelle; deux jeunes alouettes dans la douceur tiède de leur nid… deux merveilles de la nature! Sa voix, un ruisseau de miel qui, t’engluant dans le baume de ses arômes, fais de toi son captif consentant…»

Le ton de sa voix avait changé, qui me sembla un instant presque forcé, ses yeux luisaient d’excitation et l’enthousiasme de Stanislas était tel lorsqu’il évoquait Zita que je n’ai pas pu ne pas me demander si, d’une certaine façon, il ne se justifiait pas ainsi d’avoir été sa dupe.

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