Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Écrits de Marc Hodges
Écrits de Marc Hodges
Visiteurs
Depuis la création 98 774
Archives
26 octobre 2012

Le colonel Morel

Âgé d’une quarantaine d’années, le colonel de gendarmerie Morel est un homme courtois qui aurait pu être dans la cavalerie si la cavalerie avait encore un sens. L’épithète «chevaleresque» lui aurait en effet bien convenu car il a non seulement du cavalier la prestance et l’assise mais aussi l’espèce d’approche supérieure des événements qui est l’apanage de ceux qui sont —non au-dessus— mais plus hauts que les autres: il ne vit pas la guerre des polices comme une nécessité et n’a d’autre ambition de carrière que celles de ne pas perdre sa vie en actions inutiles et de mener à bout les tâches qu’il doit à mener à bout. C’est un homme de décisions.

Lorsqu’il est prévenu par la commissaire Mollet, il convoque aussitôt les adjudants Brichot et Mortemart (ces sortes de noms ne s’inventent pas…) et les expédie à Recloses pour vérifier l’état de la pierre tombale de Saniette Gaillardon, mère de Zita Gaillardon et se faire leur propre idée de la situation. Ces deux militaires ont ordre de l’appeler aussitôt pour lui rendre compte, ce que fait l’adjudant Brichot dès que leur conviction est faite: «Mon colonel, il semble en effet que la pierre tombale en question a été descellée… peut-être même déplacée. L’adjudant Mortemart et moi-même avons constaté une fente de trois millimètres sur le côté gauche du monument funéraire…» Le colonel leur ordonne de revenir faire un rapport et, fort de la constatation de ses hommes en qui il a toute confiance, appelle le tribunal de Fontainebleau pour obtenir une exhumation judiciaire puis Zita Gaillardon, la plaignante: «Madame, mes hommes ont en effet constaté des désordres sur la pierre tombale de votre mère, acceptez-vous que nous la fassions ouvrir pour en vérifier l’état?» Zita Gaillardon acquiesce: «Demain à dix heures, nous ferons rouvrir la tombe, nous avons besoin de votre présence ou de celle de n’importe quel adulte de votre famille…» «Je serai là», dit Zita Gaillardon avec assurance.

Le lendemain, à l’heure dite, la tombe est ouverte. On y trouve le cercueil de chêne qui doit contenir la grand-mère mais son couvercle est déplacé et le cadavre de la grand-mère a disparu. Mme Gaillardon est aussitôt conduite à la morgue dans le fourgon de gendarmerie et ne peut que constater ce dont tout le monde se doute déjà: le cadavre de la grotte d’Arnette est celui de Mme veuve Saniette Gaillardon. Interrogée sur cet étrange déplacement, Mme Gaillardon ne peut fournir aucune réponse satisfaisante qui aurait orienté l’enquête.

Bien qu’un déplacement de cadavre soit un délit conséquent qui exige que l’enquête se poursuive, l’hypothèse d’un meurtre est désormais levée: pour le colonel et ses hommes il s’agit certainement d’un rituel stupide de quelques sataniques (ou autres gothiques) désœuvrés.

Il y a, sans aucun doute, là un début sérieux de piste à suivre.

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Publicité