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Écrits de Marc Hodges
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31 mai 2012

Un piège

«Date : Mon, 7 May 2001 23:55:21 +0200
Subject : Re : Mail-roman « Rien n’est sans dire », courrier N°26
From: Jean-Pierre BALPE
To: Weissberge

Est-il possible de vous faire des suggestions ?… Je suppose puisque vous n’arrêtez pas de nous dire de vous écrire… Si c’est le cas, j’aimerais bien que l’on ne tombe pas dans le cliché de la belle espionne vicieuse. Peut-être pouvez-vous trouver quelque chose de mieux ?

Cordialement»

«Si je te dis que j’étais presque heureux quand l’inspecteur de la sécurité est venu me sortir de mon trou à rat, continua Stanislas, je pense que tu me croiras. Quel bordel ! Je résume: d’après eux j’étais dans de très sales draps: d’abord il y avait le fric, de l’exportation illégale de devises bien sûr, de plus il y en avait un paquet, donc c’était du sale argent qui puait et puis il y avait les feuilles manuscrites… Paraît-il du courrier pour des organisations illégales à l’étranger: quelque chose comme un groupe clandestin qui préparait des attentats contre la République socialiste… Un sale truc… Ensuite, Prudence, personne ne la connaissait et de plus elle s’était tirée… Bien sûr je n’ai pas voulu parler du rôle de Zita car je pense qu’elle n’y était pour rien, qu’elle n’était qu’un pion dans leur sale combine. Mais c’est pas tout: la carte postale et l’adresse… Pour eux c’était un message codé et ils étaient furieux que je ne connaisse pas le code… Tu les aurais entendu gueuler, de vrais fachos… mais il y a plus, cette salope de Prudence m’avait bien eu: son cadeau, sa peinture sous-verre, paraît-il qu’elle dissimulait des microfilms de zones sensibles de la sécurité ouzbek et un poème en roumain dont ils m’ont traduit un extrait: « Au bout d’un certain temps elle m’aperçut, me tendit une feuille blanche./ un formulaire et me dit: quel style préférez-vous ?/ archaïque ? angélique ? satanique ?/ gothique ? romantique ? brancovan ?»… Ils voulaient que je leur dise ce qu’il signifiait… Je n’en avais pas la moindre idée… Pendant trois jours ils m’ont sorti le grand cirque même si je dois reconnaître qu’ils ne m’ont pas vraiment maltraité… Bien moins que ce que je craignais… Ils gueulaient, m’empêchaient de dormir, ne me donnaient pas à boire dans leurs foutus bureaux surchauffés, me laissaient seuls mijoter des heures avec un projecteur dans les yeux, mais c’est tout… Ils ont été corrects et j’avoue qu’à leur place j’aurais été aussi furieux… Le quatrième jour, le ton a commencé à changer, ils m’ont parlé de ma famille, du rôle héroïque de mon grand-père pendant la guerre, de mon cousin qui était leur collègue, de ma mère qui, paraît-il avait su servir son pays quand c’était nécessaire… Bref, ils m’ont traité comme un sale petit con qui s’était laissé avoir et qui déshonorait toute son ascendance, Adam compris… Ils comprenaient que je m’étais bêtement fait avoir, que je n’avais pas été prudent… Si j’acceptais de les aider pour deux ou trois petites choses, ils n’embêteraient pas ma famille qui ignorerait tout de cette affaire… J’ai accepté… Ils m’ont mis dans le premier avion pour Paris.»

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