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Écrits de Marc Hodges
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7 septembre 2011

On ne commence jamais assez tôt

«Date : Thur, 19 Apr 2001 23:05:32 +0200
Subject : Fwd : Re : mail-roman « Rien n’est sans dire », courrier N° 9
From : Anselme@free.fr
To : Jean-Pierre BALPE <jbalpe@away.fr>

Excuse-moi de te le dire si brutalement, mais comme ce mail a de très grandes chances de rester entre nous, je ne vois pas pourquoi je n’essaierai pas de te rendre ce service: les préambules de ton histoire me semblent beaucoup trop longs. Tu nous dit avoir rencontré quelqu’un à Berlin qui t’aurait dit quelque chose et, dix jours après nous n’en savons toujours pas plus. Je veux bien que tu te moques un peu de nous mais il y a quand même des limites. Franchement, si ça continue comme ça, et bien que nous soyons amis, je vais me désinscrire.

Anselme »

Pourquoi ne pas transcrire tout de suite les paroles de Stanislas? D’abord, Stanislas, étant mon meilleur ami, il n’avait pas besoin de dire ce que notre vie commune m’avait déjà appris mais qui est pourtant indispensable à la compréhension du récit; ensuite, ne sachant pas comment démarrer une histoire aussi confuse, j’ai décidé de la prendre depuis son début; de plus, à mon avis, un récit ne peut être une simple transcription; ensuite encore, parce que nous avons parlé si longtemps que je ne me souviens pas avec assez de précision de ce qu’il a dit pour le rapporter directement; enfin il y avait, dans son monologue tant d’implicite que seul un discours indirect pouvait le rendre compréhensible… Si j’essayais de la reconstituer, son début serait à peu près ceci:

— Jean-Pierre, ça ne va pas, je ne sais plus comment m’en sortir, ne dis à personne que tu m’as vu, s’il te plait, c’est trop risqué et tu serais toi aussi en danger, le mieux serait que tu m’oublies… je ne devrais pas te parler… j’ai peur qu’on nous voie ensemble… Tu ne peux pas imaginer ce qui m’est arrivé, comment j’en suis venu là… Je ne sais même pas si te voir m’effraie ou me fait plaisir… J’ai peur…
— Je ne peux pas t’aider?
— Commen? Personne ne peut m’aider… Si j’ai volontairement disparu, c’est que je n’avais pas d’autres solutions, j’ai mis le doigt dans un engrenage infernal et m’y suis laissé prendre tout le bras… Rappelle-toi ma dernière année à Grenoble et nos vacances d’été et de ce que je t’ai dit de mes rencontres à Tachkent ?…

Maintenant, en effet, je m’en souviens. Mais bon, pourquoi chercher à me justifier. Cette histoire, après tout, n’a d’autre raison de vous concerner ou de vous séduire que parce qu’elle est une histoire, qu’elle dit ce qu’il ne faudrait jamais faire mais je ne suis plus très sûr de le croire et, si je la continue, ce n’est peut-être au fond que pour des raisons personnelles.

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