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Écrits de Marc Hodges
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29 septembre 2014

la vie n’est pas coopérative

Une histoire, un récit, une narration… un roman doivent obéir à des règles : ils partent du complexe pour aboutir au simple, tirent, pour les démêler, les fils d’une histoire embrouillée, non pour entériner la complexité de leurs nœuds, mais pour donner à croire qu’il y a, dans notre monde, des voies rationnelles et que l’art, l’écriture, donnent du sens à la vie. Je pense que, sur ce plan où vous me faisiez confiance, j’ai échoué : la vie n’est pas toujours aussi coopérative : cinquante pour cent des meurtres, jamais ne sont élucidés ; sous des difficultés que l’on pensait faciles à résoudre, la science ne cesse de découvrir des complexités inattendues ; loin de se résoudre dans l’harmonie, les vies amoureuses s’enferment souvent dans le chaos ; la langue elle-même, parlant toujours d’autre chose, ne dit jamais ce qu’elle est sensée dire ; pragmatique de la complexité : nous faisant quantité de grimaces, les dieux sans fin nous attirent puis, ricanant, s’éloignent…

Comme moi, la plupart d’entre vous ont pensé que Stanislas — ou du moins l’ami que j’ai nommé ainsi…—, me communiquant suffisamment d’indices, m’avait lancé sur le classique jeu de pistes d’un récit policier : une double vie (commune dans la fiction, pas si rare dans la réalité…) que nous allions élucider ensemble, comprendre ce qu’il avait fait, pour quoi — pour qui ?— il se livrait à la désinformation, le bénéfice qu’il en tirait, les risques qu’il courait, les péripéties — chantages, amours, séductions, agressions, mystères, indices, fuites, trahisons… épreuves… et si le récit était plus intellectuel, affres sentimentales, scrupules moraux, troubles intérieurs, méditations métaphysiques…— qu’il avait — ou devrait — surmonter. En somme rien, dans sa banalité, que d’assez rassurant… Est-ce maladresse de ma part, duplicité de la sienne — qu’a-t-il deviné de mes amours inavoués ? —, je ne maîtrise pas cette évolution : les choses dites ne sont pas ce qu’elles auraient dû être d’autant que, loin de me rendre service, vos contributions — révélant toujours des envies narcissiques d’écrire, affichant une volonté délibérée de m’égarer, donnant des faux renseignements, manifestant le simple besoin d’être… bref pour toutes de raisons trop humaines, loin de m’apporter une aide ne cessent de renforcer ce brouillard vers lequel ma progression me guide. L’interaction n’est pas une sinécure, comme un mauvais attelage, au risque de le faire chavirer, chacun de vous tire à hue et à dia. J’ai beau vous rappeler le but initial, jouer avec vous la carte de la sincérité, rien n’y fait, vous ne me croyez qu’à moitié et ma narration s’enlise dans les marais bourbeux de l’indécision. Vous m’avez ordonné de vous faire l’écriture d’un récit nouveau or ce que vous m’inspirez ne peut être que criminel. Vous voudriez… Mais que ne voudriez-vous point ?

Pour l’instant, on m’attend, il faut que je parte, et cependant j’écris encore ! De quelque manière que la chose tourne, je ne me repentirai pas de ce que j’ai fait par vos ordres : volens, nolens, dans quel piège, me suis-je laissé enfermer ?

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