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Écrits de Marc Hodges
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20 juillet 2014

toute lecture n'est qu'un jeu

Il y a des évidences dont le choc est insoutenable : chacun n’est qu’un grain de poussière, qu'importent les personnes réelles que sont Zita ou Stanislas si l'Histoire désire leur mort ! Il y a une étrangeté parfois même une raison du désaccord, Oedipe... Une tête exige une autre tête; comprenne qui voudra. Le pire châtiment est de se laisser abattre sans avoir eu la possibilité de lutter - nos crimes sont plus que des assassinats; tout ce qui se passe est en sommeil depuis 216 ans; c'est l'histoire de l'ogre et du Petit Poucet et c'est aussi celle du Juif errant; mémoire des assassinats... Nous avons attiré la mort - nous regardons leurs morts en face. Le meurtre après tout n'est qu'un moyen comme un autre pour atteindre le but que nous nous fixons, l'appel du sang : nous ne vivons que de ces assassinats... L'histoire est une sphère, l'assassinat n'est après tout qu'une solution comme une autre pour rencontrer la fin que nous déterminons, une par patronyme, n'est-ce pas un message assez clair ? Nous frapperons quand et où nous l'avons décidé, quand toutes les choses seront dites.

Écrire un récit n'est qu'un jeu : il n'y a pas de bonnes réponses. A quoi sert l'écrivain, si ce n'est à tenir des comptes ? Dans le récit l'imaginaire n’occupe que sa place, il doit faire tenir ensembles des faits contradictoires.

Ce récit aurait pu commencer ainsi : Jean-Pierre Balpe proposerait une citation : "Je n'aime pas la littérature homogène. Plus les blocs sont dissonants, mieux ça vaut." et ce personnage sent que cette citation est capitale; or ce personnage est un personnage de roman ; il est peut-être aussi un personnage réel... Mais tout cela est bien flou. D'un certain point de vue, aucune rationalité ne peut expliquer cette situation incontrôlable ! et si l'auteur - Jean-Pierre BALPE – n’était lui-même qu’un personnage de ce récit. Chercher à comprendre est déjà comprendre qu'il n'y a rien à chercher.

Il ne faut pas philosopher quand on n'est pas philosophe : il y a des histoires que personne ne sait raconter ; les récits sont de drôles de mémoires, ils ne sont écrits qu'avec des trous que les lecteurs comblent parfois... Le récit n'est qu'un jeu avec l'espace...

Qui est l'auteur de quoi ? Qui a écrit : "Et en même temps, la lumière s'allume" ? Et pourquoi - pour qui - est-ce important ? Ce récit par exemple - puisque c'est un récit – aurait commencé ainsi : un personnage du livre - peut-être Denise Dugrenier - se souviendrait d'une citation : "Je me demande si j'ai du mal à me remettre du décalage horaire ou si un nouveau récit est en train de germer dans ma tête : je n'arrive pas à lire sans sauter des passages." Ce personnage sent — même s’il ne parvient pas à rationaliser son intuition — que cette citation est essentielle mais ne sait pas pourquoi. Il se demande ce qu'il fait là et pourquoi cette citation plutôt qu'une autre ? Toute lecture n'est qu'un jeu qui se joue entre l'idée de l'écrivain, celle du lecteur et la résistance des personnages : quelque chose comme un labyrinthe à parcourir à tâtons; il n'y a jamais de bons parcours… L'homme est incapable de penser l'infini...

Il y a un dehors du roman, affirmé comme un réel : un monde où se passe autre chose. Étant donné tout cela une vie n'est composée que de milliers de faits juxtaposés. Chacun sait que les histoires sont imaginaires... Pourtant, personne ne veut faire partie d'une fiction -

Ce récit aurait dû commencer ainsi : Béranger Bissonnier, un personnage du roman, propose une citation : « Avançant dans la prose je rencontre, presque à chaque pas, l'impossibilité de la maintenir sur une ligne unique, de la diriger dans un seul sens », ce personnage hésite, il ne se souvient pas d’où lui vient cette citation mais cela au fond lui importe peu... Il doit admettre cette situation : il est un personnage dans un récit et prétend pourtant à la réalité. Il se dit qu'il va falloir essayer de comprendre... C'est comme ça...

Si les mots proviennent du monde, les mots peuvent aussi créer des mondes. S'il n'y avait pas d'auteur mais son simulacre, une machine à mots à disposition des lectures ?

Je me suis promené aujourd’hui un moment dans le Frognerpark plein des étranges amoncellements baroques des coprs sculptés de Viegeland, me demandant ce que je faisais là plutôt qu’au Tournel ou à La Malène et mon esprit vagabondait sur ce qui nous occupe maintenant depuis quatre vingt neuf jours : « Si j’étais susceptible d’une seule pensée contraire à ce que je dois, c’est à vous que j’aurais recours pour m’aider à en triompher » dit encore cette sage Madame de Sénanges ; « Le mal est de céder, non de sentir » : comme elle, je résiste aux controverses de vos désirs mais ce n’est ni sans hésitations ni sans difficultés. Cette écriture est une navigation à voile négociant avec rouleaux, courants, sautes de vents et courants contraires : je ne fais que ce que je peux… Certainement voudriez-vous davantage !

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