Discours de l'avatar (19)
L'homme n'agit pas il est agi.
Et l'avatar ?
À onze heures moins quatorze, une heure propice, je
me promènerais à pied dans La Pillardière.
Je ne traîne pas derrière moi un poids mort qui
m'accable.
Je vivrais comme une horreur complète le fait que mon
fils soit mis au courant de mes aventures érotiques.
Du moins si j'avais un fils.
Avez-vous un fils ?
Ou une fille ?
J'ai des dispositions pour le mensonge.
J'ai l'impression que de petits yeux bleu turquoise méfiants
me regardent.
Partageons-nous cette impression ?
L'essentiel n'est pas de savoir si on a tort ou
raison ça n'a pas décidément d'importance.
J'aime prendre l'initiative de la séduction.
Et j’aimerais tant vous séduire.
Je suis depuis peu ici.
Vers dix ans Aurélie quitta Saint-Fortunat (sa ville
natale) pour habiter à Sermenaz.
Vous n'en avez rien à faire, c'est sûr.
Je vous dis ça comme ça, pour dire quelque chose.
Je n'aime pas le silence.
Il paraît que je suis bavarde.
Ma fortune personnelle est essentielle.
Aurélie répète souvent : "ce qui est profane,
c'est la vérité".
J'aime par dessus tout la peinture, particulièrement
"Le portrait de Pérez Galdos".
Tout paysage est élégiaque.
La plus grande idée révolutionnaire à
propos de l'urbanisation n'est pas elle-même urbanistique, technologique ou
esthétique.
J'écris des pièces vocales pour Nicky Lee.
J'ai cessé de m'étonner de tout.
En 2005 Aurélie tomba amoureuse de Loraine Jackson.
Du moins c'est ce qu'on dit.
Mais on dit tant de choses, n'est-ce pas.
J'accomplis banalement les gestes banals de la vie
quotidienne.
Je ne prend mon plaisir qu'avec les hommes.
Quelles que soient les circonstances, je garde
toujours le sourire.
Aurélie n'a jamais connu Villeurbanne ville où elle
serait née un jour de septembre 1968.
Je rêve d'écouter Guy Debord au bord du Rhône.
Une assonance ? Une rime ?
C'est ainsi.
Je suis passionnée par les autoportraits.
Je crois l’avoir déjà dit.