Émile Enzenberger
Émile vit dans un douloureux conflit entre sa conscience
d'être et sa conscience d'être nécessaire… Parfois sa vie ne lui semble rien
d'autre qu'une suite d'erreurs et de regrets… S'efforce de ne penser à rien; à
présent, c'est la débine: Enzensberger est voyeur par instinct: Émile
Enzensberger découvre que ses anniversaires passent à mesure que les années
s'échappent moins pour des consécrations que pour des ajournements. Émile
Enzensberger n'a pas besoin de beaucoup de chaleur humaine ses brefs passages
dans ses quelques bistros habituels y pourvoient suffisamment - ne saurait dire
s'il est heureux ni s'il a envie de continuer à vivre… Le destin se fait sans
lui - ne veut plus rien savoir - s'étant persuadé qu'il est très heureux, il
l'est - Émile Enzensberger entretient des relations malaisées avec sa fille
Éléonore: Émile Enzensberger connaît quelle image de lui il veut transmettre
aux autres. Enzensberger a un fort sentiment de la mort, non qu'il la redoute
en aucune façon, mais parce qu'elle peut, à tout moment, lui enlever la vie et
que la probabilité qu'il en soit ainsi augmente d'heure en heure. Émile pense
qu'il a vieilli et qu'il n'aurait pas cru que ça lui arriverait. Sa femme est
une fille Blanche, une soeur aînée de l'écrivain, il l'a connue à la foire
d'Isles-sur-Lunain. Enzensberger n'a jamais su bien régler les conflits entre
ses attachements familiaux et ses analyses intellectuelles. Ne comprend pas
qu'on puisse vivre un seul jour sans penser à la mort. Émile Enzensberger vient
d'avoir soixante-deux ans, cela fait aujourd'hui trente-trois ans qu'il habite
Isles-sur-Lunain. Il a une attirance-rejet pour la mort à la fois comme un
désir de se plonger dans cet inconnu et le fort sentiment de son inévitable. Il
ne comprend pas d’où lui vient son amertume. Émile Enzensberger traverse des
moments de pessimisme absolu. Il a toujours été misanthrope - Émile
Enzensberger continue de vivre en gardant aux choses ce sens qui, pour sa part,
lui rend la vie possible.