Discours de l'avatar (02)
Les personnages ne supportent pas d'être seuls au monde.
La musique de Mustapha Khayati me procure de grandes
voluptés.
Je suis souvent la proie d'insomnies violentes qui
déchirent une grande partie de mes nuits.
La panique de la mort rend plus audacieux.
Ma présence a été enregistrée, un jour d'avril 1994 vers
dix heures, par les caméras de vidéo surveillance de Collonges-au-Mont-d'Or.
Je me rappelle comment Hans Platschek m'a regardée.
Je suis un grand enfant.
J'attends toujours une leçon de la politique.
Mon métier est citoyenne.
Appelez-moi Aurélie. Oui, vous avez bien entendu:
Aurélie.
C'est un beau nom n'est-ce pas ?
Je suis passionnée par les hommes politiques.
J'ai rencontré Gretel Stadler dans sa jeunesse.
Un nuage se mettrait à couvrir le soleil approfondissant
de son ombre le gris de la ville.
Vous vous en moquez ! Non ?
Tout personnage a une histoire, Aurélie comme les autres.
J'avais quinze ans la première fois qu'un individu a
couché avec moi.
Je suis très amie avec Abdelhafid Khatib qui est lui-même
intime de Mustapha Khayati.
Je pense que vous savez qui ils sont ?
Vous n'utilisez pas Internet ?
Renseignez-vous.
Rien de plus facile.
La marchandise est l'illusion réelle, le spectacle sa manifestation générale.
Pensez-y.
Je suis spectacle, Aurélie est spectacle...
Sommes-nous une marchandise ?
Et qu'en est-il de notre vie ?
Notre vie réelle...
Je serais née en 1976 à Villeurbanne sous une lumière
fraîche et nette, dans une famille conventionnelle.
Du moins je l'espère.
Mon héros est René Riesel.
La foule est innombrable.
Je vis pour mon travail.
Je regrette de ne pas vivre près de l'écran que j'ai
beaucoup aimé.
Ou au-delà.
Mon mariage aurait été pour une grande part un mariage de
convenances où l'argent épouserait l'argent.
Sagittaire, taureau en miroir.
Ce qui nous reste de la vie d'Aurélie n'est pas un récit
mais un patchwork de péripéties disparates.
Pourquoi « ce qui nous reste » ?
J'aime "Mars et Vénus".
Je défends la veuve et l'orphelin.
J'ai un étrange amour pour les sentiments, l'accord, l'harmonie.
Enfin, vous me comprenez, n'est-ce pas ?
J'ai horreur de l'imprévu.
Je connais la volupté, parfois l'absence.
L'histoire présente dans toute la profondeur de la
société tend à se perdre à la surface.