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Écrits de Marc Hodges
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15 novembre 2009

la chambre de la bonne

— On va tirer un journal, dit Robert, vous nous aiderez à le distribuer… Ensuite, on verra. Faut d’abord gagner d’autres personnes à notre cause. — Bon, dit Jean Leber se levant, on verra ; mais si ça marche pas, je fais tout péter. — Oauis, disent les autres, on fait tout péter. Kenavo…

Ils sortent.

Serge et Robert vont se coucher. Persuadés d’avoir remporté une première victoire, ils sont presque heureux.

Quelques instants plus tard, fumant la pipe à sa fenêtre, un vieillard insomniaque voit cinq silhouettes détacher de l’échafaud le dernier chien exécuté, puis emporter son cadavre dans la nuit : il ne sourit plus.

Dans sa chambre, d’Eurymédon, n’arrive pas à s’endormir. Zabre non plus d’ailleurs. Zabre pense aller comme d’habitude rejoindre X… mais il n’en a pas vraiment envie. D’Eurymédon veut rejoindre la bonne, mais devoir monter aux chambres des bonnes le gêne, il préfèrerait qu’elle descende. Mais elle ne vient pas, alors il se décide à monter.

Lorsqu’il entre dans la chambre, il lui faut quelques instants pour que sa vue s’accoutume à la pénombre vaguement atténuée par les reflets des lampadaires. La pièce, un réduit mansardé. Il entend le clapotis rassurant de la pluie chatouillant les tuiles : ça lui procure un certain plaisir. C’est comme si le toit gloussait de joie, un bruit de petit ruisseau et de tranquillité, il se sent bien, se dit qu’il a bien fait de venir dans la chambre de la bonne, il ne peut être que bien accueilli. Il éprouve une impression d’enfance et de douce chaleur sous une couette dans une pièce glaciale. C’est sa madeleine. Il ne fait pas de bruit, entre, pousse doucement la porte derrière lui. Prend son temps pour s’habituer à la pénombre, respire, écoute, sent. Peu à peu, il distingue la forme du lit de fer et une forme agréablement vallonée soulevant les couvertures : la bonne dort, paisible, elle respire doucement, régulièrement et le son de sa respiration se mêle à celui de la pluie dans une espèce de mélodie à deux voix qui l’émeut.

 

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