recherche de sujets (l'instituteur, suite)
Dans l’espoir de trouver un thème, j’ai
donc commencé à m’intéresser au monde et détourné l’argent de la coopérative
scolaire pour aller à Paris où, durant les vacances 1994, je suis resté dix
jours. Ce voyage me déçut : il ne m’apporta rien. Peut-être avait-il été
trop bref ; peut-être n’avais-je pas su voir ce qu’il fallait voir, connaître
les gens qu’il aurait fallu connaître. Toujours est-il que, grâce à l’amabilité
d’un routier rencontré dans un bar des Halles, je suis revenu. J’ai dû ensuite,
travailler tout le reste des vacances comme journalier dans des fermes, pour rembourser,
sans scandale, l’argent que j’avais détourné. Suite à cet échec, j’ai résolu de
m’intéresser plutôt au monde qui m’entourait depuis toujours. J’ai commencé à
noter non plus seulement les détails biographiques de mes concitoyens, mais
quantité d’observations qui me semblaient susceptibles d’enclancher le
processus imaginatif. Ce fut une quête difficile car, souvent, un événement
pris sur le vif et qui semblait riche de possibilités à explorer, se révélait
décevant et improductif à l’étude. J’ai pourtant écrit ainsi quantité de
fragments de romans qui, faute de matière, ne venaient jamais à terme.
En voici un, par exemple, parmi tant
d’autres :
L’an dernier, le garde-champêtre,
pour me remercier (récompenser ?) d’avoir bien décoré la salle des fêtes
(j’avais collé, sur tous les murs, d’immenses silhouettes de bretons en
costumes traditionnels découpés dans des feuilles de papier crépon et pendu au
plafond des mobiles découpés, avec de gros ciseaux, dans de vieilles boîtes de
conserve et minutieusement assemblées pendant mes heures de loisir : un
travail de quinze jours…), m’avait emmené promener à Quimper.