Débat public
Donc Robert continue son discours :
« Mon camarade vous a longuement exposé le but de cette réunion, nous
avons été choqués par certaines des coutumes qui s’appliquent à la vie dans
votre village et nous estimons que, de nos jours, de pareilles partiques ne
devraient plus exister. Aussi, nous avons décidé la création d’un club qui sera
chargé d’étudier les réformes et amendements possibles ainsi que d’envisager de
nouvelles applications. Nous espérons seulement avoir l’appui d’un assez grand
nombre de personnes de bonne volonté pour réussir à faire bouger les choses. Si
vous estimez que notre lutte est légitime, nous vous demandons de venir vous
inscrire à ce club. Par ailleurs, si certains d’entre vous désirent quelques
précisions nous sommes à votre disposition pour les leur apporter ou, du moins,
pour essayer. »
Yvré se lève. Il dit : « Je
vous trouve bien présomptueux de critiquer des coutumes millénaires établies et
maintenues par la sagesse des nombreuses générations passées. En vertu de quoi
vous croyez-vous supérieur à vos ancêtres ? Vous êtes bien jeunes pour
prétendre montrer la voie à suivre à vos aînés… »
Une tornade d’applaudissements
emporte ses paroles. Serge, déjà irrité par l’attitude de la salle ne se
contient plus : « La jeunesse est pure qui n’a pas encore accepté
toutes les compromissions de l’existence, elle n’est pas encore aliénée par les
conventions et les coutumes. Nous refusons d’être considérés comme des débiles
parce que nous ne sommes pas séniles… »
Une pluie drue de projectiles
(carottes, tomates, chaussures, boîtes de sardines vides, cailloux, pommes de
pin, chataîgnes…) lui coupe la parole et l’oblige à se retirer : bien que
n’ayant pas très bien compris, l’assistance devine, au ton de l’orateur, que
ses paroles ne sont pas convenables. « L’intelligence n’est pas le
privilège des vieillards », hurle Serge qui se lève pour se faire entendre,
dsans toutefois y parvenir.