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Écrits de Marc Hodges
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4 mai 2008

Vers Nivolliers, 17 heures 54

Dans son rêve, le temps devient futur. Dans ce total isolement, Bréauté éprouve un sentiment étrange de sécurité. La terre est déserte. Le bruit de ses pas ne sonne plus déjà que dans le souvenir. De loin en loin, un bout de pré cerne une lavogne desséchée. Il est poussé mais ne veut pas se laisser gagner par un lyrisme trop facile. Aussi loin qu'il peut voir, il n'y a que de la lumière sur les champs déserts. Il parle d'un monde totalement ouvert. Il faudrait faire quelque chose. La pauvreté se fait ici magnificence. Il ne peut comprendre que ce qu'il possède vraiment, essaie d'appréhender le fortuit, d'écrire le livre du monde désordonné dans lequel il vit. Poursuite du bonheur… Le vent joue dans les branches la danse aérienne et grèle de la chèvre d'Arthur Honegger.

Bréauté court le risque du souvenir, endosse un à un les vêtements de l'air pur. Le ciel pèse sur lui comme un édredon de plumes. Sur les pentes douces des collines, l'herbe peine à dissimuler l'impatience des cailloux. "Comme tout ici est incroyablement calme!" Il refuse d'enjoliver la sévérité du réel, mettre trop de bleu sur les ailes des corbeaux, teindre de miel la rugosité quelconque des pierres. Il aperçoit une silhouette humaine. Il écoute, chantonne, vit, s'arrête, sourit: on finit par ne plus vivre que ce que l'on a en soi. Il imagine la lente agonie que vit le spectacle, s'interdit de perdre totalement l'espoir. Tout s'enfonce dans la clarté. Le silence lui est suspect. Il prend la nature à témoin. Un oiseau crie. Un cri paisible et rauque. Son temps tire sa substance et vit de la moralité de temps anciens.

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