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Écrits de Marc Hodges
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27 mars 2008

Saint-Pierre-des-Tripiers, 6 heures 25

La solitude lui monte à la tête, Bréauté cherche à refléter par des mots ce monde qui échappe à ses mots. Les souvenirs l'envahissent comme des flammes. Son grand-père est là, béret de travers sur le côté droit de son visage, mégot éteint aux lèvres, qui lui indique la voie à suivre. Il est là et cette pensée l'emplit de contentement.

Au-delà des lointains bleuâtres, l'air lumineux. Son activité incessante est de rechercher en lui des harmonies, d'harmoniser ce monde qu'il porte en lui. Il recommence à marcher. Même l'herbe lui résiste qui n'a ni la tendreté de celle de la plaine, ni sa mièvre douceur. Tendu vers l'horizon, un alignement d'arbres isolés creuse l'espace. L'espace s'organise aux alentours de sa personne en hauteur et en profondeur. Il aime ceux qui ne veulent pas conserver. Comme de vieux plumets dérisoires, des silhouettes d'arbres malingres soulignent les crêtes des collines. La terre s'étend devant lui comme une ancienne et chère maison. Il ramasse une petite pierre polie qu'il ferme dans sa main comme un talisman contre la peur. Son oreille se tend dans le silence sur un vide en lui qui n'a, soudain, aucun écho.

Il croit possible, en remontant dans sa sourde enfance, de se remémorer de tels états d'abandon, se souvient fort bien de tout ce qui s'est passé. La plaine ne se termine qu'au ciel. Il semble tranquille, rêve qu'il n'y a rien à voir dans le pays, rien de grand, rien pour les guides. Il est seul. Le temps ne peut pas vraiment compter. Il imagine la présence de jeunes gens, de jeunes filles, n'a jamais peur d'être dupe, demande l'assurance de demain, voudrait compter l'infinité des pierres des murs. Que ce soit trop plein de soleil, pluie ou brouillard, l'espace se dilue dans l'espace. Bréauté jette des pierres pour le chien qui le suit et ne cesse de les lui rapporter. Il fuit soigneusement les rares silhouettes humaines qui s'esquissent dans le spectacle. Il n'avait jamais pensé que son existence pourrait ainsi s'emplir de rêves, a toujours ici le sentiment d'une sécurité éternelle.

Personne ne peut comprendre son trouble.

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