Une harmonie totale

Il ne suffisait pas d’épouser, encore fallait-il, le moment venu, savoir se défaire de cet engagement. Incorrigible sentimental, Constantin ne pouvait une seconde imaginer que ces femmes aimées puissent, un tant soit peu, formuler envers lui le moindre reproche. S’il les quittait, ce n’était pas parce qu’il ne les aimait plus mais plus naturellement parce qu’il en aimait d’autres et qu’il n’imaginait pas ne pas pouvoir vivre avec celles-là les moments exaltants vécus avec celles qui, un temps, avaient été ses femmes.

Aussi tenait-il à rester en bons termes avec celles dont il divorçait. Divorcer d’une femme ne signifiait pas pour lui rompre mais bien plutôt s’éloigner. Ses revenus le lui permettant, il assumait avec une généreuse aisance élégante les charges qui résultaient de ces éloignements ne perdant jamais de vue les enfants nés de telle ou telle union. Son idéal aurait été, si elles y avaient consenti, de construire quelque chose de l’ordre du harem ouvert, l’obligation —réciproque et contraignante — pour ses occupantes de se donner à lui lorsque le temps advenait: une vie commune où ex et nouvelles, auraient élevé ensemble les enfants dans une totale sympathie harmonieuse car il souffrait un peu des multiples séparations sentimentales que la réalité pragmatique lui imposait.