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Écrits de Marc Hodges
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7 février 2007

12 heures, vers Vallongue

Toujours ses pensées vont à sa rencontre, sa parole est lourde, épaisse comme l'argile humide, il court le risque du souvenir. La nature se grave dans l'air: il respire, se rappelle, marche. Collines après collines transforment la beauté en distance rendant impossible de savoir quel miracle pourrait se produire ici, l'air est pesant et impassible; cette immobilité des choses, cet ennui harmonieux, cette monotonie ont pour lui un charme, une douceur profonde qu'il ne saurait oublier. Il n'est pas vrai que le silence parle. Même l'herbe lui résiste qui n'a ni la tendreté de celle de la plaine, ni sa mièvre douceur. Seules les mouches l'accompagnent sans crainte. Dans le lointain, un troupeau de moutons se confond avec les pierrières. Il aime l'infini de sa marche sur les sentiers sombres. Il ne vit que s'il relie. Il n'ignore pas qu'il y a des cieux de nuages et des bleus et des soleils ailleurs.

Trop de mots. Il faut passer lorsqu'on ne peut plus aimer. Il a peur qu'il arrive quelque chose… Mais que pourrait-il arriver? Il sourit, chantonne, songe, songe, se sent bien. Rien n'est fait pour attirer. Il cherche une langue qui dirait l'indicible.

Une plante jaune au bord d'un talus, une espèce de sauge, brille au soleil, solitaire dans la lumière. L'herbe est rare et cassante. Toute joie veut l'éternité de toute chose. Les petites collines sont parsemées de tâches vertes. Des ombres rapides et brusques courent sur les herbes sèches. Il se dit que les hommes ont abandonné les contrées où la vie était dure car ils avaient besoin de chaleur. Il éprouve comme un vague sentiment de reproche : regret d'avoir abandonné ce pays, rage d'avoir été contraint à l'abandon; le paysage lui paraît soudain vaguement hostile, passé et présent luttent en lui comme anges et démons. Le temps passe. Il pense que c'est bon de marcher ainsi, infiniment… Blanc cassé, blanc, la lumière, blanche, n'est plus qu'une buée sur le ciel.

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