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Écrits de Marc Hodges
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15 janvier 2007

Changefèges, Le Gerbail, La Chaumette, Les Ribes, La Viale, Hures, Champerboux…

Il va falloir quitter tout cela. De loin en loin, un bout de pré cerne une lavogne desséchée. Il n'a rien dit, rien fait, rien représenté, rien accusé, revendiqué, il ne possède rien. Il ne veut renoncer à rien. Le sol est un pré de pierrailles vaguement blanches. Des rochers isolés découpent leurs hautes silhouettes dans la luminosité de l'air. Il aspire à l'éternité mais préfère encore son temps. Ce qui deviendra et doit devenir est la cause de ce qui est. La végétation est pauvre et parcimonieuse. L'espace paraît soudain sensible, clair et liquide, comme une chose que l'on pourrait absorber, boire. Ses souvenirs le font avancer ; ses rêves le transportent plus loin encore. Les lointains se perdent dans de molles ondulations, à la plaine ont succédé les combes, le paysage tout entier baigne dans la couleur verte, un vert comme suri de jaune. Il est lien, relation, rien d'autre. Il y a tant à faire. Qu'est-ce que l'homme pour qu'il ose faire des projets ? Blanc cassé, blanc… Changefèges, Le Gerbail, La Chaumette, Les Ribes, La Viale, Hures, Champerboux… Autant de sources d'où jaillit le flot des images de son passé. Perdant le bonheur de tout ce qui a été, il boit avidement la volupté de voir. Tout est à la mesure de l'instant. Tout parle ici et plus personne ne sait comprendre. Il marche dans la mort, dit désespérément des traces de vie vrai. Deux bourdons s'affairent sur des fleurs de trèfle. Tout se mêle dans la confusion. Il se souvient de tout ce qui lui a été dit. En lui, tout doit et veut se réunir. L'énormité du silence sonne comme une cloche sombre. L'odeur de la terre entre en lui jusqu'au profond du corps, jusqu'à cette ombre où dorment les grandes terreurs de l'homme. Il y a dans la nature des lieux où même les serpents se sentent seuls. Il a confiance. Il est parti sans avoir eu le temps de dire adieu à personne. Il réfléchit les vies grevées de frayeur, les désespoirs si longtemps tus dont se fait cette nature égoïste. "Laissez-moi vous dire comment vous devez être aimés !" Un besoin de paix l'envahit.

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