Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Écrits de Marc Hodges
Écrits de Marc Hodges
Visiteurs
Depuis la création 98 775
Archives
3 décembre 2006

Sur la pente entre La Chadenède et le sommet du Masietos

Un seul chemin vers le centre absolu… Son univers a la complexité des choses sincères, il voudrait pouvoir décrire toutes les formes de ce monde. Bréauté est sans aucun éclaircissement dans une intimité presque angoissante, il noue en lui les éléments du temps, ne laisse rien de lui au-dehors.

Bréauté se souvient de ces tendelles qu'avec délectation il dissimulait sous les genévriers. Il chante, chante, note encore. Espoir. Il fait beau, seule une légère brume voile le bleu parfait du ciel. Les collines sont comme dévorées par la lèpre verte-orangées des buissons de buis. Un merle s'enfuit en rase-mottes. Les murs bas et gris de fermes isolées creusent une lumière sèche et dure. Il pense aux rares vautours fauves que l'on protège soigneusement, se demande si c'est vers un avenir de conservation qu'il faut tendre. Se méfier de ça, et bougrement, même. Le ciel dévore l'herbe maigre. Il ne rêve plus, peut-être n'a-t-il pas rêvé… Il est spectateur. Jaune, vert-jaune, rouille délavé, étalés, étirés sur de vastes petits plis. Tous ceux qu'il a aimé autrefois continuent à hanter ses rêves et à fortifier ce dont il se souvient. Tout meurt, tout refleurit, le cycle de l'existence se poursuit éternellement. "C'est toujours compliqué et délicat de faire revenir les morts, de souhaiter leur retour…" Désirs. Sa vie est partagée en deux: celle d'avant liée aux souvenirs et à la nostalgie, celle de maintenant, attachée à l'action et l'avenir. Il aspire à tout ce temps gaspillé à dompter la mort… Ceux qu'il a perdus s'éloignent, il n'y peut rien. Il incrimine l'ombre creuse des vallons doux, voudrait qu'il existe un lieu où le temps triomphe de son inanité. Il va à pied, dit les paroles qui apprivoisent le cœur.

L'horizon merveilleux équilibre l'espace sur l'espace. Comme en extase, il contemple le décor. L'heure tourne. Deux bourdons s'affairent sur des fleurs de trèfle. Ciel et terre s'épousent longuement. Dans les lointaines collines, les genêts sont fleuris. Le sentier sinue à l'ombre entre deux pentes; de petits buissons le bordent. Il ne peut comprendre que ce qu'il possède vraiment. Un petit oiseau vole devant lui, pas plus gros qu'une tâche d'ombre sous l'une quelconque des fleurs du paysage. Brebis: il attend. Les choses ne lui sont pas muettes. Le calme est si pur qu'il entend avec beaucoup d'éclat des bruits lointains: branche qui craque, aboiement de chien, clochette de mouton. Certaines choses lui sont plus nécessaires que d'autres… Il est lien, relation, rien d'autre. Il se sent fort, va, repart, s'étonne, songe… Il attend avec inquiétude la froideur de la nuit.

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Publicité