Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Écrits de Marc Hodges
Écrits de Marc Hodges
Visiteurs
Depuis la création 98 777
Archives
6 décembre 2006

Le garçon de café se suicide encore

J’étais alors veilleur de nuit, continue le garçon de café, dans une fabrique de réveils ; l’idée de construire une machine à minuterie me fut donc naturelle.

J’achetai un grand réveil à sonnerie très puissante et, sur la tige vibrante, soudai la gâchette d’un revolver — un souvenir de famille, « un petit pistolet de dame à la crosse d’ivoire et à la détente très douce » avait dit papa en l’offrant à maman avant qu’elle ne se suicide…— je soudai aussi le revolver à la carcasse du réveil et lestai le tout afin que l’ensemble reste stable. Je fis plusieurs essais : tous positifs. Cela me prit du temps, mais ce n’était pas désagréable… Ne me restait plus qu’à choisir l’heure de ma mort. Je décidai minuit. Le 21 mars 1969, un samedi, je me couchai de bonne heure, tête calée d’ans l’angle du cadre en bois de mon lit, et pointai avec minutie l’arme. Je fis un essai sur l’oreiller… Parfait.

Je m’étais acheté le « Roman Comique » de Scaron dans une édition de luxe reliée pleine peau grenat. Pour m’endormir, j’ai lu une bonne heure, calme, prêt à mourir. J’entendais à travers la sourdine des murs qui me séparait de mes voisins des chansons venant de leur télévision. Ce fut une soirée très agréable…

Minuit : coup de feu, brûlure à l’épaule droite, je m’éveillai. Dans mon sommeil je m’étais légèrement déplacé. Une fois encore, j’avais raté ma mort.

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Publicité