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Écrits de Marc Hodges
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2 novembre 2006

8 heures, devant la ferme de Valbelle

Bréauté le sait, il s'enfonce toujours davantage dans le ventre mou du causse, imagine ces nuits où l'épervier de la lune surveille le matin. A quoi sert d'évoquer les oiseaux lorsqu'on ne les toise pas. Il a besoin de compagnons vivants. Certains survivent…

Un besoin de paix l'envahit : toute son histoire personnelle n'occupe que trop peu d'années. Le ciel est entièrement rond. Il faut avoir le courage d'admettre qu'on ne peut acquérir qu'avec lenteur et patience les choses qui comptent. Il s'installe au cœur des choses. Il ne vient personne, il faut tout mettre au passé… C'est un lieu d'adieux. Bréauté prend ses distances. Trop de mots. Le temps passe. L'appel du silence est le seul qui mérite d'être écouté. Ce n'est pas la mort qui fait problème, mais la vie…

Chaque matin, Bréauté s'efforce de trouver une approche nouvelle du monde, il a le désir de voir arriver quelque chose. Un vieux chien noir-blanc le suit comme une ombre, seul son halètement rythme le temps. Il pense aux milliers d'hommes qui autrefois habitaient ces terres, aux longues listes de noms sur les petits monuments aux morts des villages. Il essaie d'entrer en contact avec son passé, mais il ignore ce qu'il était, n'arrive pas à vraiment le voir. Il a l'esprit confus, n'est pas le seul à subir.

Peu de chemins mais une mousse élastique d'herbe qui permet d'aller partout. Aussi loin que le regard peut aller il n'y a rien que l'herbe grise plus dure que le jonc. Dans une petite combe, la terre, éventrée par la charrue, saigne d'une grasse terre rouge rouillé. épineux, genévriers enlacés. Le vent joue dans les branches la danse aérienne et grêle de la chèvre d'Arthur Honegger. Il parcourt l'immobilité, ne rencontre que trop de ruines.

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