Le ménage de la vierge
Enfin Wilfrid arriva au Ménage de la Vierge où, téméraire, il abandonna le sentier sécurisé d’une rampe de fer pour sauter d’un rocher à l’autre. Il pensa :
«…énorme éboulis de rochers affectant vaguement la forme d’ustensiles de ménage…»
et reçut une goutte sur le dos de la main que, déclamant, il avait, dans un geste magnifique et théâtral, lancée en avant. Il repensa:
«…merde !…»
mais, bien élevé, ne le dit pas. Il leva les yeux vers le ciel dans un geste, non de piété, mais d’inquiétude toute gauloise et nota que le ciel s’était couvert d’abondance. Il reçut une seconde goutte de pluie dans l’œil; il estima qu’il était temps de se retirer. Il était même mauvais temps car l’averse tomba à verses. Le temps de rejoindre le chemin, Wilfrid était trempé. Il se mit alors à courir mais glissant sur un bloc de granit qui se trouvait là depuis toujours et par hasard, il sentit une vive douleur à la cheville gauche. Lorsqu’il voulut se relever, il compris qu’il se l’était foulée. C’est alors, par le plus littéraire des hasards, qu’il aperçut, dressée sur une petite éminence grise une tente canadienne. Il réussit à se traîner jusque là, pénétra avec difficulté sous la toile et s’évanouit sans même avoir le temps de tirer la fermeture éclair.