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Écrits de Marc Hodges
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20 août 2006

Entre Chaldas et le mont Roudio

C'est par l'observation de son passé qu'il est parvenu à savoir qui il est. Il a tout son temps. Posés ça et là comme des pièces d'échiquier, des pins minuscules creusent l'espace. Les passions qui l'entourent lui montent à la tête. Il se promet de ne pas être dupe de toute cette beauté, de la force apaisante des lignes, il s'oblige à penser à la mort que cela représente aussi, mais, malgré lui, une tranquille plénitude le gagne. Il respire le futur. Il réfléchit qu'il ne pourrait quitter tout cela et en même temps s'y ennuie. Le ciel pèse comme un édredon de plumes. Il essaie de ramener à la surface de sa mémoire une journée, un matin, une heure… A chaque rencontre solitaire se mêle comme une grande douceur, rencontre d'un arbre isolé ou d'un animal sauvage qui s'immobilise un instant en silence. Glaise beige… Un paysage n'est rien en lui-même !… Il note sans bruit. L'air est frais et léger comme une eau fine. Il pense qu'il se fuit. Il estime qu'il a droit à tout. Que ce soit trop plein de soleil, pluie ou brouillard, l'espace se dilue dans l'espace. Passage de nuages dans le ciel. Il faudrait faire quelque chose ! Il aspire à l'éternité mais préfère encore son temps. C'est par l'observation de son passé qu'il est parvenu à savoir qui il est. Il respire et s'avance. Perdant le bonheur de tout ce qui a été, il boit avidement la volupté de voir. Il ne vient personne, il faut tout mettre au passé… C'est un lieu d'adieux. Le ciel est absolument pur. L'éternité semble amoureuse des travaux du temps. Tout lui parle par signes. Quelque chose le porte en avant. Il est là et ce n'est l'affaire de personne de se préoccuper de sa présence. Dans sa tête tout est en grand désordre. Il aspire goulûment l'air sec. Il aime aussi sa rage de la plénitude. Tous les jours lui sont sacrés. Ici ou là, les tiges sèches, friables, artificielles, de chardons secs surmontées de leur improbable touffe de coton inutile. Il est sans aucun éclaircissement dans une intimité presque angoissante. Il aime l'idée d'avoir pour lui seul tant d'espace. Tout lui parle, il voudrait parler de tout. Il hésite, s'arrête et attend. Sa terreur est inaccessible. Il réfléchit que les mots peuvent prendre le goût intérieur des herbes. Les lointains se perdent dans de molles ondulations, à la plaine ont succédé les combes, le paysage tout entier baigne dans la couleur verte, un vert comme suri de jaune. Il aspire à l'éternité mais préfère encore son temps. Il pourrait quitter tout cela, ne s'y résigne pas.

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