La bolkha

Une grosse bonne et deux garçons servaient des consommations. Dans la foule des gens présents, les invités semblaient vainement chercher des visages connus puis se résigner à attendre: le bristol annonçait une soirée exceptionnelle présentant la dernière trouvaille du maître de maison. Il était déjà vingt-et-une heure heures cinquante, la soirée s'annonçait grise et triste. Certains s'approchaient du bar pour interroger le garçon qui semblait attendre et dont il est à croire qu'il avait déjà commis quelques indiscrétions car tous les gens présents échangeaient des regards. Pourtant, comme s'il les fuyait, à leur approche, il s'échappait.

Lorsque les places de la salle furent entièrement occupées, Palancy,  enfermé dans la lumière d'un projecteur apparut sur scène comme s'il était passé au travers d'une des baies vitrées qui donnaient sur le parc nocturne. Il salua ses invités, les remercia de leur venue, puis, de sa voix monocorde annonça qu'ils allaient assister à quelques événements peu ordinaires. Il dit avoir mis au point une matière, étrangement nommée « bolkha » faite d'une multitude de «cellules» comprenant chacune une infinité de capteurs capables de saisir les moindres changements de pression, de mouvement, d'humidité, de température, et qui, non contente de posséder une grande faculté de mémorisation pouvait, dans certaines conditions, utilisant son analyse infiniment précise des mouvements effectués, influer sur le comportement des être vivants qui acceptaient de l'utiliser. Il ne se proposait, au cours de cette soirée, que d'en démontrer les pouvoirs et de permettre, à ceux qui le désireraient, d'en faire  eux-mêmes l'essai.