13 heures 30 : de la croix blanche à Caussignac
Il est porté en avant par ses souvenirs, ramené par eux en arrière… Il attend, se veut ici totalement chez lui, ne peut pourtant chasser de son esprit une vague folie. Il pourrait quitter tout cela, ne s'y résigne pas. C'est ainsi! Ses souvenirs l'obsèdent. Cela fait trop de preuves pour douter. Il semble inquiet. Il suffit qu'une voix vienne pour que tout le reste soit oublié. De ci, de là, un pin chétif troue l'herbe jaune. Le ciel est une immense cloche de verre protégeant le paysage.
Sa route est solitaire. Il fait un grand effort pour penser avec de l'ordre, tâche de mettre avant les choses d'avant, après les choses d'après… Jamais on ne rejoint son passé: il se trouve à une fin… aussi à un commencement… Il aime l'immensité de ce vide, le malheur de ces déserts; il imagine qu'il n'aimerait pas que ce paysage soit plus habité; il a même tendance à dire: "envahi". Un peu plus, un peu moins, c'est beaucoup, c'est même l'essentiel. Il ferme les yeux, tout lui parle par signes.
A quelques heures de marche, les vallées sont profondes et fertiles.