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Écrits de Marc Hodges
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26 septembre 2005

Une tresse de cheveux

C’est à peu près ça. Pas grand chose à ajouter: une thèse ne doit pas contenir de relations psychologiques ou anecdotiques. Norpois se lève, va chercher une barre de chocolat blanc aux noisettes, regarde par la fenêtre les nuages qui s’effilochent sur un fond de vague bleu ciel. Il ne peut s’empêcher de penser que tout cela est bien plat à côté de l’immense joie qu’il a eu à discuter avec Arthur B-S., suprême entrevue qui aurait à elle seule mérité que Norpois en publia le récit. Tenir enfin entre ses mains un ouvrage complet — même si ses générateurs étaient désormais inutilisables — des premiers temps de la littinfo était un rêve.

Cette découverte aurait cependant pu être relativement banale. Hodges — écrivain classique de l’époque de transition entre la littérature standard industrialisée du livre et celle interactive et personnalisée de la littinfo — avait à plusieurs reprises publié des textes génératifs dans des revues ou sous forme de recueils classiques. Pourtant ce qui, justifiant son excitation, rendait cette découverte si passionnante aux yeux de Norpois était le fait que, entre chaque lithographie, était insérée un ou plusieurs feuillets, vraisemblablement produits sur une ancienne imprimante à laser mais présentant de larges parties manuscrites. Ces feuillets lui paraissaient si importants qu’il ne s’était qu’à peine intéressé à la lecture des poèmes principaux eux-mêmes. Pourtant ces textes érotiques n’étaient pas sans intérêt, à la limite du lyrisme, jouant, comme les illustrations, sur le même et le différent, ils constituaient une approche originale de l’acte érotique conçu comme une infinie variation sur un ensemble relativement pauvre de possibles combinatoires. Si Norpois n’avait pas été fasciné par d’autres aspects des Poèmes érotiques, cela aurait pu être un nouveau sujet de thèse. Passons.

Il y avait enfin dans le cartonnage un autre élément que Norpois n’avait pas pris soin de faire enregistrer, encore moins scanner ou analyser. C’était, juste après le dernier feuillet intercalaire, et avant la dernière lithographie, une petite pochette de plastique contenant, comme un reliquaire, une boucle de cheveux noirs tressés formant couronne, d’environ cinq centimètres de diamètre et retenus par six anneaux dorés également répartis sur la circonférence, chacun d’une largeur d’environ un centimètre portant gravé des chiffres et des lettres. Bien que l’objet en cause évoqua tout un drame, il ne lui semblait pas en effet que ce «document» puisse, en tant que tel, faire partie de l’ouvrage lui-même mais qu’il relevait bien davantage d’un quelconque souvenir familial dont il n’avait pas à se préoccuper.

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