10 heures : vers le Frayssinet de Poujols

Bréauté pense à son enfance, fait un grand effort pour penser avec de l'ordre, tâche de mettre avant les choses d'avant ; après les choses d'après.

Il transforme ce qui existe en fonction d'un avenir possible qu'il aimerait rendre probable: la conscience règne mais ne gouverne pas… On finit par ne plus vivre que ce que l'on a en soi.

Sa route est longue, difficile: il est loin d'être arrivé au bout. Sous son aspect immuable et tranquille, la campagne porte la mort, la diffuse, l'épend sur toute chose. Devant lui, des brebis tondent l'herbe courte du plateau. Il y a une antiquité vénérable dans les gestes des hommes. Il se promet de ne pas être dupe de toute cette beauté, de la force apaisante des lignes, s'oblige à penser à la mort que cela représente aussi, mais, malgré lui, une tranquille plénitude le gagne. Les instincts de l'humanité future sont déjà là qui ne demandent qu'à être satisfaits. Dans ses voyages, il a découvert beaucoup d'endroits magnifiques, aucun ne lui a donné ce sentiment de plénitude.

Le soleil paraît sans mouvement, ici tout s'enfonce dans la clarté. Il voudrait que sa terre se fasse toujours belle.