Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Écrits de Marc Hodges
Écrits de Marc Hodges
Visiteurs
Depuis la création 98 774
Archives
5 décembre 2016

II - 43, Il lui caresse l'intérieur des cuisses

Il lui caresse l'intérieur des cuisses. Elle aime se sentir envahie. Elle aime.. Elle aimerait bien avoir l’avis de quelqu’un d’autre. Elle aimerait pourtant le regarder des heures durant, le temps passerait doucement, elle se dirait. Elle aimerait pouvoir se raconter sa réalité comme elle lit un roman, rien ne sert de courir après des événements fuyants. Elle aimerait se sentir brisée, la sensation de n’être qu’une partie d’une machine chaude, elle ne rêverait qu'à ce membre dur qui bougerait en elle, elle fermerait les yeux pour mieux le sentir, écouter son membre qui glisserait en elle puis se retirerait, elle aurait besoin de toute cette sensualité à vif qui peut être horrible, Il viderait tout son être en elle, l'inonderait d'amour. Elle aimerait tant pouvoir étouffer cette peur qu’elle sent monter en elle. Elle aimerait tant que tous ces gens qui l'entourent s'intéressent un peu à sa vie peut-être que la vie n'a pas l'importance que chacun s'efforce à lui accorder. Elle ajoute. Elle allume une cigarette. Elle aperçoit Elstir qui traverse la pièce pour venir vers elle. Elle aperçoit Elstir, se dirige vers lui, voit un autre homme entrer par une porte du fond: leurs regards se croisent. Elle appelle Buchanan chez lui, demande une conférence électronique. Elle appelle elle: Merde alors, vient voir! elle pose couteau, beurre, baguette. Elle appelle un taxi, le plante là. Elle attend. Elle aurait dû me prévenir. Elle aurait été violée si l’arrivée d’un groupe de gens n’avait pas, par hasard, fait fuir ses agresseurs. Elle aurait tant aimé que son existence soit un roman. Elle aurait, maintenant, de loin préféré passer le réveillon avec Jordan. Elle avait beau se dire qu’après tout Noæl n’était qu’un jour comme un autre, qu’il y aurait d’autres réveillons, que ce n’était pas parce que, pour une fois, elle était seule qu’elle devait en faire un drame. Elle avait dans l’amour une innocence parfaite. Elle avait déposé un baiser sur les lèvres de Il puis, sans un mot, avait disparu. Elle avait disparu et quoi que j’ai pu faire, jamais je n’ai plus eu la moindre nouvelle d’elle. Elle avait disparu, les collègues de la securitate allaient s’en charger. Elle avait encore sur sa peau le parfum de leur étreinte furtive tellement pleine de sensualité et de fougue. Elle avait vingt-six ans, parlait un français impeccable. Elle Avarescu. Elle cherche Charlus tout en craignant de le voir effectivement, de capter son regard: son visage est bizarre, monstrueux, encadré par une chevelure raide d'une couleur fade pourtant, par ce qu’il traduit de décision, de force de caractère, elle sent qu’elle aimerait qu’il l’aime. Elle coince la porte du pied:. Elle commande à l’ordinateur l’affichage des éléments relevés chez il. Elle commence à jouir à la minute même où Il la touche. Elle comprend aussitôt que Jordan se méprend:. Elle construit deux séries distinctes: Sir Tarnepier, Pierre Tarnis, et deux noms qui, bien qu’incomplets, semblent appartenir à la même série: Peter Sarin et Peirse et Pradenos, San Pedro da Roda, De Sarpon, Dorpe San. Elle craint. Elle déboucle la ceinture du pantalon, puis de ses doigts légers descend lentement la fermeture éclair de la braguette:. Elle déchiffre ainsi la soirée comme un épisode d’une série policière bien construite où chaque événement est soigneusement programmé, attribue à tous ceux qu’elle connaît. Elle déconne. Elle demande à quoi maintenant ils doivent s’attendre, ce qu'ils doivent faire. Elle demande l’affichage de ses messages. Elle demande une recherche du mot sarpedon. Elle demande une recherche sur Jean de Jandun. Elle dérive dans un monde de sensations. Il l'épuise, elle lui mord les lèvres jusqu’au sang. Elle détourne son regard des flots d’images qui la fascinent, aperçoit la silhouette sombre d'un marin qui monte la garde. Elle disait être une arrière petite fille du général Avarescu, celui de la ligue du peuple, et la liberté de mouvement dont elle faisait preuve montrait bien qu’elle était privilégiée. Elle disait que la mémoire a besoin de béquilles que, si on ne l’aide pas à marcher, elle finit par se figer, que, plus tard, nous serions si heureux de retrouver des traces, même infimes, même dérisoires, qui nous permettraient de reconstruire ces moments de bonheur absolu. Elle disait que, pour vivre le présent, il fallait savoir oublier le passé et qu’il était inutile de le retenir. Elle disait que, pour vivre pleinement le présent, il fallait laisser le passé s’effacer, qu’il ne servait à rien d’essayer de le retenir. Elle dit. Elle donne sur une cave. Elle donne sur une pièce étrange, sphérique; en son centre, comme un vaste lit suspendu dans l’espace par quatre câbles qui forment un baldaquin et son reflet; entre la porte et le lit, une passerelle de verre. Elle dort dans un lit double sous le chromo d’une Vierge à l'enfant qui ne se lasse pas de se dédoubler dans les glaces d'une armoire digne d'une chambre de meublé provincial. Elle dut le sentir, se tut tout d’un coup, regarda sa montre: Je dois rentrer, dit-elle et, sans plus de façons elle me laissa là. Elle écarte les lamelles grisâtres des vieux stores vénitiens déformés isolant la fenêtre de son bureau, regarde rêveusement passer les énormes flocons de neige surgissant d’un ciel si noir qu’il semble empaqueter les immeubles de verre et d’acier. Elle en a quelques uns en réserve. Elle en est certaine. Elle en est sûre. Elle en était sûre!╔. Elle entend Charlus et Argencourt évoquer comme avec regret certains moments de leur commune enfance avec Oriane, elle tend l’oreille. Elle entend l’un d’entre eux déclarer doucement. Elle entend maintenant ce qu'elle aurait dû entendre longtemps auparavant; elle sait bien, de toute évidence, qu'il ne s'agit pas d'un suicide. Elle entre à son tour:. Elle entre au 3 bis rue Denis Poisson. Elle éprouve une sourde inquiétude. Elle espérait peut-être un pourboire sur le moment, trop impatient d’examiner le contenu de cette lettre, j’avoue que je n’y ai même pas songé. Elle est à sa droite.

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Publicité